Les sauveteurs en mer de Mayotte touchent le fond

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Les sauveteurs bénévoles de Mayotte en intervention avant d'être dépourvus de moyens nautiques
Les sauveteurs bénévoles de Mayotte en intervention
Les sauveteurs bénévoles de Mayotte en intervention

Ils sont une quarantaine de bénévoles à Mayotte, à porter secours gratuitement aux embarcations en détresse, sous l’égide de la SNSM. La Société nationale de sauvetage en mer, comme son nom ne l’indique pas, est une association à but non lucratif (loi 1901) et n’a de national que son ancrage sur tout le territoire français. L’association est bien de droit privé, et ne vit que des dons, et de quelques subventions, Etat et collectivités locales. Or, comme partout, la baisse des dotations est la règle. Mais quand on touche à la sécurité des personnes, la rigueur budgétaire pose question.
« Le problème, c’est que les gens pensent que le sauvetage en mer est une mission d’Etat note Xavier de la Gorce, président de la SNSM en visite à Mayotte pour les 50 ans de l’association. Ils pensent aussi qu’on est une société, alors qu’on est une association composée de sauveteurs bénévoles qualifiés. L’Etat nous confie une mission de sauvetage en mer ».
Ainsi, contrairement aux pompiers professionnels ou volontaires, les bénévoles de la SNSM ne perçoivent pas un centime lorsqu’ils interviennent, levant l’ancre en 15 à 20 minutes montre en main, quand un navigateur appelle les secours.

Le souci, c’est qu’en outre mer, et en particulier à Mayotte, les ressources matérielles et humaines de l’association sont fragiles. Le matériel s’abîme plus vite en raison du climat, et le turn-over important parmi les sauveteurs originaires de métropole complique le travail des équipes. En effet, il faut en permanence des sauveteurs formés pendant de longs mois. Or, la section de Mayotte n’a pas les moyens d’envoyer ses sauveteurs en métropole, et la SNSM nationale ne peut se permettre d’envoyer à Mayotte des formateurs sur le long terme.
La richesse de l’équipe, ce sont les quelque 30% de Mahorais qui la composent. Moins susceptibles de quitter l’île du jour au lendemain, ils sont aussi un atout précieux pour surmonter la barrière de la langue. Principalement quand il s’agit de porter secours à des pêcheurs parlant Shimaore ou Kibushi.

La continuité des sauvetages menacée

Mais voilà, l’antenne mahoraise de la SNSM dispose d’un unique bateau, un semi-rigide qui a 10 ans, est « couvert de rustines » et arrive en fin de vie. « Il faut le changer en 2018 sans faute, alerte le président, et il nous manque 90 000€ pour en acheter un autre. » Considérant les mois qu’il faut à la SNSM pour équiper un nouveau bateau et le rendre apte à des missions de sauvetage, il y a plus qu’urgence. « Si demain le bateau n’est plus sur, on suspend l’activité de la station » prévient-il.
Et encore. Le remplacement du bateau n’est que le point d’orgue d’une organisation à bout de souffle financier y compris en métropole. « On arrive en limite de capacité de formation de nos équipages, nous n’arrivons plus à faire face au renouvellement de notre flotte hauturière qui a 30 ans et doit être changée dans 10 ans. On est à un tournant de la vie de l’association ».

Les responsables de la SNSM en appellent à la responsabilté des uns, et à la générosité des autres.
Les responsables de la SNSM en appellent à la responsabilité des uns, et à la générosité des autres.

Pour en revenir à Mayotte, la situation est donc critique. Les bénévoles en sont réduits à faire le plein du bateau sur leurs fonds propres. « Est-ce qu’on demande à un pompier de payer son essence ? Nous on nous le demande » poursuit le responsable. En outre, la gendarmerie maritime, également amenée à faire du sauvetage en mer « est de plus en plus sollicitée pour la lutte contre l’immigration clandestine » poursuit Xavier de la Gorce.
Face à cette urgence aux potentielles conséquences catastrophiques, l’association en appelle à l’aide, sur trois axes. « On en appelle à la responsabilité de l’Etat, des collectivités locales, mais aussi à la solidarité des plaisanciers ». Ces derniers représentent 80% des embarcations secourues au niveau national, et 50% à Mayotte. Le reste étant composé de barques de pêcheurs.

L’Etat participe déjà à 12% du budget de la SNSM. L’association est en contact avec le Conseil Départemental pour obtenir tant une aide à l’achat du bateau, qu’une participation aux frais de fonctionnement : essence, entretien et petites réparations comptent pour quelque 20 000€ par an à Mayotte.
Par ailleurs, toute personne désireuse d’adresser un don à cette association peut le faire en suivant le lien ci-dessous, avec la possibilité de choisir la station que l’on souhaite aider. Pour Mayotte, c’est celle de Dzaoudzi.
Faire un don à la Société nationale de sauvetage en mer

L’association rappelle enfin une information pratique : En cas de souci en mer, panne moteur, blessé, plongeur qui ne remonte pas… Appeler le 996 depuis son téléphone portable pour être mis en relation avec le PC AEM (Action d’Etat en Mer) qui dépend de la Marine Nationale et qui relayera l’appel à la SNSM. Ou par VHF sur le canal 16, fréquence internationale de détresse.

Y.D.

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