La jeunesse est à la fois un atout et un danger pour Mayotte. Le sous-préfet Grégory Kromwell l’avait déclaré début 2011 : « Si on ne s’occupe pas de notre jeunesse à Mayotte, c’est elle qui s’occupera de nous ». C’est donc un pari à relever, difficile on le voit à travers les faits divers, vols, cambriolages ou agressions.
Partant d’un postulat, « la jeunesse est la ressource majeure de Mayotte », la DJSCS avait organisé en février 2016 une journée sur l’engagement des jeunes. Face au succès de l’évènement, il a été décidé de le reconduire à plus grande échelle. Les subventions européennes y contribuent par LEADER, et c’est sur 6 jours que s’étalera le Forum de la jeunesse du 4 au 9 décembre 2017. L’objectif est de toucher 800 jeunes, à travers un portage du Centre de Ressource (CDR) de la Politique de la Ville.
Beaucoup montrent déjà le chemin, puisque plus de 800 jeunes ont bénéficié d’un service civique depuis 2012, et l’assemblée départementale des jeunes de Mayotte regroupe 18 jeunes élus qui travaillent en commission pour faire émerger des projets qui leur correspondent.
Service civique ou BSMA
Les temps forts de la semaine se dérouleront intégralement sur le territoire du GAL* Est Mahorais (Mamoudzou-Dembéni-Petite Terre), mais des actions labellisées « Forum de la jeunesse 2017 », seront organisées sur l’ensemble du territoire.
« L’objectif principal de cet événement est de mettre en mouvement les jeunes mahorais en valorisant les initiatives qui concourent à produire de la cohésion, de l’intergénérationnel, de la solidarité et du partage sur le territoire », explique Odile Matignon Leclercq, directrice du CDR Mayotte.
Il s’agit d’engagement dans le Service civique, mais aussi dans des dispositifs comme Erasmus ou au sein de structures comme le Bataillon du Service Militaire Adapté (BSMA). Et dans un deuxième temps, ces jeunes pourront être les ambassadeurs de cette volonté, une sorte de « contamination de l’engagement » pour une cause ou un projet, de ce qui fait le « bien-vivre ensemble »
Pour garantir le succès de l’évènement, les partenaires sont nombreux à co-construire le projet. Outre la DJSCS et le CDR, on trouve la Ligue de l’Enseignement, le conseil départemental, le Centre Universitaire, les Céméa, le Centre d’information Jeunesse, la Chambre de l’Economie sociale et solidaire, entre autre.
Les débuts frileux du GAL Est
Les jeunes ciblés ont entre 16 et 24 ans, une tranche d’âge correspondant aux dispositifs Services civiques, BSMA, etc. Mais également les jeunes ayant accompli un service civique entre 2014 et 2016 par le CDR et en position d’insertion dans la vie active sur le territoire Gal est Mahorais, le jeunes de l’océan Indien ayant participé aux formation dans le cadre de la Commission Jeunesse et Sport de l’océan Indien, les référents encadrant professionnels et parents des Quartiers prioritaires Politique de la Ville, les partenaires institutionnels intervenants sur les thématiques de la jeunesse, et les élus en charge de la stratégie jeunesse du territoire.
Un GAL Est plutôt frileux pour son démarrage, puisque, si l’action se déroule sur son territoire, il n’a pas entériné le cofinancement du projet sur sa part de 44.000 euros, « le Comité de programmation composé d’acteurs publics et privés a retoqué le financement du dossier », nous apprend Ahamadi Daroussi l’animateur du GAL Est, et chargé de mission à la mairie de Mamoudzou.
C’est typiquement le genre de projet qui entre dans les compétences Groupe d’action locale pourtant, qui a une vocation globale de formation des jeunes et transversale de montée en compétence notamment. « Le projet a été jugé trop institutionnel », a tranché le Comité de programmation.
La DJSCS et la préfecture planche donc de nouveau au bouclage du financement du Forum de la jeunesse qui pourrait se révéler un tremplin et une voie d’insertion pour beaucoup de jeunes.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Le groupe d’action locale ou GAL est un ensemble de partenaires socio-économiques privés et publics installés dans des territoires ruraux et chargés de la mise en place d’une stratégie de développement organisée en accord avec le programme européen LEADER. Ils ont été installés en 2016 à Mayotte