Des clandestins sur le bateau d’un policier municipal

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Type de bateaux de pêche mahorais
Des bateaux de pêche mahorais (illustration)

Policier municipal le jour, pêcheur amateur mais qui vend son poisson le week-end, joueur de foot le soir, le prévenu multiplie les casquettes, et les casseroles.
L’homme à la barre du tribunal ce mercredi était poursuivi pour aide à l’entrée et au séjour de personnes en situation irrégulière, mais aussi pour des irrégularités liées à son bateau. L’embarcation n’avait pas de permis de navigation, le modèle ne correspondait pas à ce qui figurait sur la carte grise, qui concernant un bateau de pêche professionnelle alors qu’il s’en servait selon lui en plaisance.
En soi, ces irrégularités auraient pu passer inaperçues si la barque Yamaha n’avait pas été contrôlée en 2016 au large de Chirongui avec trois clandestins à bord : le pilote, et deux footballeurs de Grande-Comore.
Selon les deux joueurs de foot comoriens, interrogés après leur interpellation par les douanes, leur voyage avait été payé par le propriétaire du bateau qui voulait les faire intégrer son équipe de football. Une version que nie le prévenu, incapable d’expliquer comment deux Comoriens ont pu connaître son surnom et l’équipe dans laquelle il jouait.
Lui affirme qu’il a simplement prêté son bateau à son camarade de pêche du week-end. « Je n’étais pas au courant qu’il allait à Anjouan, je pensais qu’il allait juste à la pêche ».

Un ami clandestin

Mais le pilote du kwassa, ami du policier municipal, est lui aussi en situation irrégulière. En le faisant travailler, en lui prêtant son bateau, le fonctionnaire s’exposait déjà aux mêmes poursuites. D’autant que l’embarcation ne comportait pas l’équipement de sécurité nécessaire pour prendre la mer.
La procureure se dit dans ce dossier « perplexe vis à vis de votre position, car vous êtes policier, vous connaissez les règles et vous les enfreignez. On entend en permanence à Mayotte que l’insécurité est le fait de l’immigration illégale, laquelle est facilitée par des gens comme vous qui ensuite la dénoncent. Il y a quelque-chose de schizophrène dans cette attitude. Je suis convaincue que vous avez envoyé cette barge aux Comores pour amener ces deux joueurs ».
Elle réclame 3 mois avec sursis et 400€ d’amende.
L’avocat du prévenu tente de démontrer que l’intention n’est pas établie, plaide la bonne foi de son client, et demande au minimum une dispense d’inscription au casier judiciaire. « Sinon il est au chômage dès demain matin ».

Des arguments qui n’ont pas convaincu le tribunal, qui a suivi à la lettre les réquisitions du ministère public, sans prononcer de dispense d’inscription au casier. Le condamné peut faire cette demande au juge d’application des peines, ou bien faire appel du jugement sous 10 jours.
Y.D.

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