Emplois aidés : quelle amélioration à l’heure de la réouverture des écoles de Mamoudzou ?

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Une école maternelle de Kawéni
L'école maternelle de Kawéni fermée
L’école maternelle de Kawéni fermée depuis lundi

Depuis lundi dernier, les enfants de la commune de Mamoudzou sont privés d’école primaire et élémentaire. En cause, la disparition des petites mains qui en assurent l’entretien. Cela fait quelques semaines que les habitants de DOM ont découvert que ces petits jobs étiquetés « précaires », avaient leur utilité. S’adressant aux publics les plus éloignés du marché du travail (demandeurs d’emploi de longue durée, jeunes en grande difficultés…), ils se déclinent dans le secteur public, en contrat d’accompagnement dans l’emploi (CUI-CAE), et dans le secteur privé en contrat initiative emploi (CUI-CIE).

Ils sont « aidés » car encadrés et appuyés financièrement par l’Etat. Jusqu’à 95% dans le secteur public (non marchand), et 47% dans le secteur privé. Facile dans ce cas d’être tenté d’en souscrire un max, et d’y voir un appui pérenne de l’Etat. Les municipalités y ont vu leur intérêt, notamment sur les petits boulots d’encadrement scolaire dont les collations, de nettoyage des locaux, etc.

Or, pour assurer l’avenir de son salarié en CUI-CAE, l’employeur doit lui proposer au moins une action d’accompagnement et une action de formation. L’Etat prenait en charge un forfait de 200 heures de formation par contrat. Certaines collectivités de Mayotte ont mobilisé des actions de formation, d’autres non. Celles qui ont formé en ont profité pour recruter ses agents à leur compte, comme la commune de Chirongui.

3.000 emplois aidés en Martinique… comme à Mayotte

L'arrêté de fermeture du maire de Mamoudzou
L’arrêté de fermeture du maire de Mamoudzou

Sans être formé, peu d’espoir de salut à l’issue du contrat. Les statistiques évaluent à 25% le taux d’insertion en emploi dans le secteur privé et 50 à 60% dans le secteur public. Des chiffres jugés trop bas le gouvernement d’Edouard Philippe l’incitant à revenir sur le dispositif qu’il compte supprimer. Devant la levée de bouclier, particulièrement puissante dans les Outre-mer où cette aide était indispensable, le gouvernement temporise.

En Martinique, le débrayage dans plusieurs établissements scolaires de l’île en septembre a incité le gouvernement à leur accorder le maintien de l’enveloppe 2016, soit un peu plus de 3.000 emplois aidés (équivalent à Mayotte), « jusqu’à la mise en place d’un dispositif plus satisfaisant pour l’emploi durable des personnes concernées », dixit Girardin.

En Guadeloupe, les élus, dont le président du conseil régional Ary Chalus, soutien de Macron lors de la présidentielle, la présidente du conseil départemental Josette Borel-Lincertin (socialiste) et le président de l’Association des maires Jean-Claude Pioche, s’étaient mobilisés en menaçant de ne pas participer au lancement des assises des Outre-mer. Ils ont obtenu un accord « dans les mêmes conditions qu’en Martinique »

Un homme seul

A La Réunion, grande consommatrice d’emplois aidés (26.100 signés en 2015 !), dans des lettres adressées aux ministres du Travail et des Outre-mer, six députés de La Réunion ont réclamé, vendredi 20 octobre, un « moratoire » sur le nombre de contrats aidés dans l’île, afin qu’il reste au même niveau que 2016.

Elus nationaux, élus territoriaux ou locaux dans les DOM… On se pose toujours la question de l’action menée à Mayotte ! Selon la préfecture, le quota est passé de 3.866 en 2016 à 2.750 en 2017 soit 28% de baisse quand elle est de 35% en France. A Mamoudzou, les 38 groupes scolaires bénéficiaient de 195 agents d’entretien, ils ne sont plus que 87. Incitant le maire à publier un arrêté de fermeture des écoles. Bien qu’appuyé par le conseil départemental, une pression qu’il est le seul à exercer sur le plan scolaire sur l’île et qu’il ne pouvait pas tenir bien longtemps.

Qualifiez ! Il en restera quelque chose…

Majani Mohamed, maire de Mamoudzou
Majani Mohamed, maire de Mamoudzou, lors de l’annonce de la riposte

Des rencontres ont eu lieu en préfecture, au terme desquelles aucun effectif supplémentaire n’a été obtenu, 58 agents affectés au périscolaire, où œuvrent déjà des vacataires, ont été dégagés pour remplacer les contrats aidés. Bacar Ali Boto, 1er adjoint au maire de Mamoudzou, nous explique que les écoles pourraient ouvrir « jeudi ou vendredi », après nettoyage en règle. Et qu’une réunion importante se tient ce jeudi à l’Association des maires de Mayotte, « avec de possibles prises de décisions ». La chaleur qui sévit actuellement sur l’île avait sans doute endormi les neurones…

Espérons que ce coup de semonce ait servi de leçon aux collectivités de Mayotte pour limiter la précarité de ces contrats. Outre la formation qui pourrait être qualifiante débouchant sur un titre professionnel, un contrôle sur l’effectivité du nombre d’heures travaillées (20h réelles par semaine), un contrôle hiérarchique, l’accompagnement par un tutorat dans le parcours d’insertion. Sans oublier le « b.a.-ba », avec la lutte contre l’illettrisme au regard du niveau de qualification du public ciblé.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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