Les richesses à Mayotte sont mal réparties, et les inégalités restent fortes avec la Métropole. Ce n’est pas un secret, mais un rapport de l’Insee, l’institut national des statistiques et études économiques vient le confirmer chiffres à l’appui.
Le document que l’Institut vient de faire parvenir à la Presse porte sur les chiffres de 2014, et montre un accroissement important du PIB, le Produit Intérieur Brut de l’île. Cet indicateur de la richesse d’un pays ou d’une région montre une forte hausse entre 2013 et 2014 (+10,5%), accompagnée d’une hausse du pouvoir d’achat de 5%. La même hausse avait été constatée entre 2012 et 2013. Le PIB par habitant augmente lui aussi de 7,6% pour s’établir à 8980€. A titre de comparaison, le PIB par habitant en France est établi à 31800€ en 2016. Les Mahorais sont donc en moyenne plus de trois fois plus pauvres que la moyenne de leurs compatriotes.
Mais au sein même du 101e département, les inégalités sont majeures.
En effet, cette hausse de la richesse de Mayotte s’explique principalement par l’augmentation des revenus de la fonction publique.
» La hausse des rémunérations dans les administrations explique 70 % de cette augmentation, portée par le recrutement d’agents supplémentaires et la mise en place de l’indexation. L’effet positif de l’indexation sur l’évolution du PIB continuera jusqu’à la fin de sa mise en place en 2017. » analyse le document.
La hausse des aides sociales, et du nombre de bénéficiaires (+44%), contribue aussi, dans une moindre mesure, à ces chiffres.
Le tout s’ajoute à une baisse des prix à la consommation après 2012 et entraîne de fait une croissance forte de la consommation des ménages, bénéfique pour les entreprises et l’investissement (+53 millions d’euros en 2014). « La consommation des ménages explique 40 % de la hausse du PIB. Elle progresse de + 9 %, portée par l’augmentation du revenu disponible. »
Des statistiques encore fragiles
Mais les ménages ne sont pas les seuls consommateurs. Parallèlement à la hausse des salaires des fonctionnaires, les services publics ont eux-aussi fortement investis dans l’économie locale.
« La consommation des administrations publiques contribue à plus du tiers de la hausse du PIB mahorais. Elle correspond aux services fournis par les administrations (éducation et santé notamment). Elle s’élève à 1 206 millions d’euros en 2014 (+ 7 %). Elle représente 58 % du PIB en 2014, plus du double de ce qui est observé au niveau national (24 %). »
Il faut bien comprendre qu’il s’agit là de statistiques, et que la hausse annoncée du pouvoir d’achat ne profite pas à tout le monde, et peut même être éloignée du ressenti des habitants. Le rapport lui-même invite à la prudence sur l’analyse des chiffres. « Les comptes régionaux de Mayotte reposent sur des systèmes d’informations administratifs qui se mettent progressivement en place suite à la départementalisation actée en 2011. Ils reflètent les grandes tendances observées, mais les sources statistiques utilisées restent fragiles à Mayotte : ruptures de séries, données manquantes peuvent affecter la qualité des données. »
Il est à noter que ces données sont fournies avec trois ans de délai en raison d’un « retard structurel » lié au « système administratif de Mayotte » explique l’Insee.
Ces données n’en sont pas moins importantes, puisqu’elles conditionnent les aides européennes auxquelles notre département a droit.
Document complet ici : IFM56_ PIB_2014_Mayotte_V4_Def
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