Célébrée depuis 10 en métropole, l’économie sociale et solidaire est un nouveau concept à Mayotte, entre échanges réglementés et libre concurrence, le tout au service de l’humain. La 1ère conférence sur le sujet se tenait ce lundi au cinéma Alpa Joe, à l’initiative de la direction du travail. Un concept que résumait Maymounati Ahamadi, la directrice de la BGE (Boutique de gestion) sur le 2ème atelier, en une image : celle du mélange entre Bill Gates et du Mahatma Gandhi.
On part à la fois de tout et de rien à Mayotte. « L’économie sociale et solidaire, c’est l’ADN de la société mahoraise », avait lancé Thani Mohamed Soilihi, sénateur et président de la Chambre régionale de l’Economie sociale et solidaire (CRESS). « Les associations qui se sont créées dans ce domaine l’ont fait par opportunisme, pour répondre à un besoin de la société », explique la directrice de la BGE. C’est le cas des grosses associations Tama et de Toioussi, devenue Mlézi Maoré, qui emploie 200 personnes.
Mais d’autre part, l’ESS puise sa source dans un secteur informel très développé ici, « une partie sera formalisable, l’autre non. Pour effectuer des démarches administratives, il faut être en situation régulière », rappelait Ben Amar Zeghadi, le directeur de la CRESS.
Pour accompagner tout ce petit monde, des structures existent, avec comme porte d’entrée la CRESS, qui se fera connaître par le passage d’une caravane dans les villages.
Ni mère Thérésa ni requin
Ce n’est pas l’émergence d’un secteur hyper subventionné, assurent les acteurs, tout au contraire : « Le porteur de projet doit avoir un modèle économique viable. En ciblant les actions à mener, ses clients potentiels, ses fournisseurs, etc., recommande Maymounati Ahamadi, nous ne sommes pas sur un mode mère Thérésa avec le simple objectif de ‘faire quelque chose de bien pour l’homme’, mais sur une rentabilité à dégager pour ne pas être dépendant à 100% des fonds publics »
Pas un monde de requins du social non plus, « les entreprises ont un modèle à respecter, de type coopérative et avec une solidarité et non une concurrence, entre les porteurs de projets. »
Un duo qui amène à se poser des questions « comment associer retour sur investissement et utilité sociale ? Compétitivité et solidarité ? Business plan et impact social ? Un exemple, celui de la chocolaterie du Pecq qui achète à des petits producteurs leurs graines de cacao, qu’elle va transformer en chocolat que vend un petit laboratoire auprès de boutiques. Participent des capitaux privés et publics.
Le m’voungué mieux que le bangué
Des débuts de structuration sont déjà en cours, comme le groupement des pêcheurs de Mtsapéré, mais la nécessité d’une Stratégie territoriale à mener par la CRESS s’impose, c’est d’ailleurs prévu.
Un exemple concret des besoins à satisfaire a été présenté, de productions de fruits et légumes qui pourraient s’avérer à la fois rentable (un mauricien est d’ailleurs milliardaire en transformant du m’voungué riche en protéine végétale) et utile pour la santé d’une population à la fois pauvre et diabétique.
Attention, tous les projets ne sont pas du domaine de l’ESS, « ça dépend de leur statut » un label Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) est délivré par la Dieccte.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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