Le dîner à l’aveugle, le 2ème proposé par l’Association des déficients Sensoriels de Mayotte, organisé dans le cadre du Plan régional d’insertion professionnelle des travailleurs handicapés (PRITH), se déroulait ce mercredi soir au restaurant d’application du lycée polyvalent de Kawéni. Avec aux manettes Fabien Gimenez.
Les convives, chefs d’entreprises, élus, comme l’adjoint au maire de Mamoudzou Sidi Nadjayedine, acteurs institutionnels, comme la vice-recteur Nathalie Costantini ou le directeur de la Maison des Personnes handicapées, avaient les yeux bandés d’un foulard noir, et, malgré leur look de Zorro, ont parfois eu beaucoup de mal à s’en sortir. Des fourchettes remontant vide de contenu à la bouche, des verres qui s’entrechoquent, « zut ! Je crois en avoir renversé sur la nappe »…
« L’objectif est de mettre ces personnes en situation d’un déficient visuel. Certaines ne parviennent pas à sentir si l’aliment est chaud ou froid, et surtout, à appréhender la distance entre l’assiette et la bouche », repère Marion Bréziat, Cheffe de service à l’ADSM. Elle espère un changement de regard envers les déficients sensoriels rencontrés dans les lieux publics, « sans pour autant les assister, car ils développent d’autres moyens, d’autres capacités pour se mouvoir dans l’espace ».
Et surtout, nous sommes tous potentiellement concernés par le handicap, comme la perte de la vue dans un accident. « Et ce n’est qu’un échantillon des difficultés que ces personnes rencontrent au quotidien ! »
Cocasse : alors que chacun est concentré sur la position de sa fourchette, un seul, à l’aise, consulte son téléphone portable à table, Sadam, non voyant, étudiant en 2ème année de Lettres modernes, qui fait défiler à toute allure les fonctions de son téléphone, guidé par des indications phoniques d’une application spécifique, « tiens, dit-il à un membre d’ADSM, prends moi une photo ! »
Le dîner s’est terminé par une assiette gourmande, une tarte Chiboust revisitée, une petite mousse aux framboises et un petit pavé de génoise au chocolat amer, avec une ambiance qui sera restée feutrée jusqu’au bout.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com