Emploi et handicap : une semaine pour trouver le chemin de l’entreprise

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Traduction en langage des signes pour Fatulata, l'employée d'Harithi (à droite)
Traduction en langage des signes pour Fatulata, l’employée d’Harithi (à droite)

On a beau dire ce qu’on voudra, mais tant que les Jeux paralympiques n’auront pas une diffusion à la hauteur des Olympiades des valides, le combat restera à mener. C’est pourquoi le défi à relever à la fois par les travailleurs en situation de handicap et les employeurs est considérable.

La loi rend comptable l’entrepreneur d’employer 2% de travailleurs handicapés dans son staff de plus de 50 salariés à Mayotte, pourcentage qui doit s’aligner aux 6% nationaux dès le 1er janvier 2018 d’application du code du travail. Sans quoi, il doit s’acquitter d’une contribution à l’Agefiph, le fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. C’est souvent la solution retenue par les patrons.

Rien d’étonnant à cela quand on sait les difficultés qui les attendent… quand ils ne sont pas accompagnés. La Semaine pour l’Emploi de personnes en situation de Handicap était organisée à Mayotte dans cet esprit d’épauler à la fois chefs d’entreprise et salariés.

Et le besoin est grand si l’on en juge le témoignage de Moinécha Hariti, styliste et à la tête de son commerce « Harithi M », qui forme actuellement Fatulata, victime d’un handicap auditif : « Il faut plus de temps pour simplement communiquer et enseigner le métier étant donné qu’elle ne me comprend pas. » Epaulée par l’Association des Déficients sensoriels de Mayotte (ADSM), celle qui fut enseignante et « aime transmettre », compte recruter Fatulata à l’issue de sa formation.

Quelles aides ?

Pôle emploi, Dieccte, Agefiph et Département étaient là pour répondre aux questions sur les accompagnements
Pôle emploi, Dieccte, Agefiph et Département étaient là pour répondre aux questions sur la législation et les accompagnements

Mais l’information est encore à peaufiner, puisque Pôle emploi lui apprenait qu’elle pouvait prétendre à une aide de 5 euros par heure de formation sur la base de 400 heures au total. La MDPH pourrait sans doute jouer ce rôle de guichet unique de l’information sur l’accompagnement.

Autre accompagnement, au sein d’un organisme de formation professionnelle cette fois, le fonds européen FSE, sans être spécifiquement porté sur le handicap, permet d’accompagner des jeunes comme Fadel, qui souffre de surdité, qui veut devenir infographiste, « pour pouvoir utiliser Photoshop », explique-t-il alors qu’il suit sa formation à DAESA.

« La charge de trouver l’accompagnement adéquat revient à Pôle emploi et la Mission locale, selon le principe de la non discrimination, et la Maison Départementale de Personnes Handicapées (MDPH) a la capacité de proposer des compensations », nous décrypte Christelle Touron, Contrôleur des organismes de formation professionnelle au Département.

L’escalier, l’ennemi numéro 1

"Quelle accessibilité aux bâtiments publics et de formation?", interrogeait le public
« Quelle accessibilité aux bâtiments publics et de formation? », interrogeait le public

Encore faut-il que tous ces organismes soient matériellement accessibles, à l’image de la rampe installée à la Cité des Métiers. Cela nous ramène au tour de Mayotte en fauteuil roulant qu’avait initié celui qu’on surnomme « docteur Léo », pour dénoncer l’effort à mener à Mayotte pour arriver aux possibilités offertes par la métropole en terme d’accès aux bâtiments publics. Il était d’ailleurs l’invité-surprise de PRITH, l’organisateur de la Semaine Européenne de l’emploi pour les personnes handicapées, et nous confie que depuis son exploit sportif avec ses comparses, peu de choses ont évolué, « sauf dans mon village d’Hamjago où des aménagements ont été réalisés. » Pour l’ADSM, « il faut une volonté politique forte ! » Ou appliquer des méthodes incitatives voire coercitives.

Le bilan du Job dating de la semaine est bon selon Misbahou Mohamadi, conseiller chez Pôle emploi, « sur 7 entreprises reçues, 3 sont en évaluation du candidat repéré, et 2 ont offert des formations avec promesses d’embauche ». Et pas pour des travailleurs considérés comme handicapés, « mais pour leurs compétences ! »

"Docteur Léo" en invité surprise
« Docteur Léo » en invité surprise

Autre action de la semaine, « Un jour, un métier » a permis de mettre en contact 13 entreprises avec 23 demandeurs d’emploi. Pour un double objectif expliqué par Tamarati, de ACE : « Sensibiliser les entreprises à l’emploi de personnes handicapées et pour ces derniers, découvrir la réalité du terrain »

Pour conclure sur une réussite, un jeune recruté par Somaco, « nous n’avons pas regardé le handicap, mais la compétence », a ensuite été démarché par l’établissement touristique SAS Austral de Carla Baltus à Iloni où il est actuellement réceptionniste.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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