Antérieur de 2 ans à la grande opération Ouharafou de la commune de Mamoudzou, le nettoyage de Convalescence poursuit plusieurs objectifs. Assainir les bas côtés des nombreux déchets et des végétaux, faire prendre conscience aux petits et aux grands qu’un quotidien est possible dans un environnement propre, et proposer aux habitants des différentes résidences qui bordent la route qui mène à la Résidence du Gouverneur de se rencontrer en partageant râteaux et brouettes. L’opération avait reçue les encouragements jadis de la sous-préfète à la Cohésion sociale Sylvie Espécier qui s’était rendue sur place.
Ce dernier point, facteur de cohésion sociale qui se termine par un grand voulé, a un peu perdu de sa vigueur en cette 7ème année, et si les enfants avaient massivement répondu présent, peu d’adultes s’étaient déplacés, malgré les 300 flyers déposés dans les boites aux lettres par Chaharoumani Chamassi, président de l’association « Deux mains pour les enfants », (jeu de mot avec « demain »).
Lutter contre le laisser-aller
Une grande satisfaction cependant : de l’avis de tous, de moins en moins de saletés sont à retirer d’années en années, preuve que les actions commencent à atteindre leur but. Pas chez tous quand on voit les tas de déchets de chantier déposés par la plomberie voisine à l’Ecole du civisme Frédéric d’Achery de l’association « Deux mains pour les enfants ».
Egalement le tas d’immondices qui s’accumule entre les grilles de la Résidence Horizon, dont aucun habitant n’était descendu pour prêter main-forte, et l’espace poubelle : « Les gens déposent dans les poubelles, mais la mairie ne passe pas assez souvent pour les ramasser, des chiens errants éventrent les sacs ou des enfants en recherche de nourriture », explique une mère de famille râteau en main.
Des équipements, gants, râteaux, poches poubelle, dont certains ont été offerts par Sodifram, la SNIE ou Mahonet, d’autres par la mairie, et le reste acheté par l’association. « Ersi Volonaki nous apporte chaque année une aide constante, m’appelant personnellement pour offrir aides et nourriture », rapporte Chamassi, en évoquant la présidente du groupe Sodifram.
Leur Histoire
Les enfants coupent et ratissent depuis 7h du matin ce samedi, sous l’autorité des jeunes scolarisés à de l’Ecole du civisme. « Nous suivons toujours les 16 mêmes jeunes, en leur donnant tous les soirs des cours d’appui en français, maths, informatique, en civisme et en Histoire de la région. Nous avons déjà étudié celle de Mayotte et d’Anjouan qu’un seul connaissait, nous sommes sur Grande Comore, pour bientôt s’attaquer à La Réunion et Madagascar. Ils sont tous littéralement passionnés ».
Pratiquement tous les élèves ont validé le niveau A du « b-a, ba » l’année dernière, et suivent actuellement un niveau B, avec un impact à l’école d’un meilleur niveau scolaire, « l’un d’entre eux inscrit dans une école spécialisée pour son comportement difficile, réjouit nos enseignants bénévoles, qui m’ont rapporté qu’il essaie de comprendre et s’applique. C’est une joie pour moi ».
Mais celui qui est aussi dans la vie capitaine de police chargé de mission au cabinet du préfet de Mayotte, ne peut tout assurer et fait un appel au bénévolat* : « Le couple qui prend en charge deux soirs par semaine est exceptionnel, mais nous avons besoins de sang neuf pour me remplacer les autres soirs ».
Un projet de pièce de théâtre autour du civisme trotte dans sa tête, ainsi que celui d’un ciné de quartier.
Malgré la pluie, ça continue à ratisser au rythme des décibels lâchés par la sono, les poches poubelle se remplissent, en espérant que le ramassage de la mairie ne tarde pas, des nuages noirs se faisant menaçant.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Tel Chamassi : 0639 09 03 60