Interco Outre-mer : au delà du fiasco final, des propositions contre l’habitat illégal

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Eugène Larcher, désabusé
Eugène Larcher, désabusé

« Il a fallu que je vienne à Mayotte pour voir ça ! »… A la fois désabusé et incrédule le président de l’association Interco Outre-mer Eugène Larcher : le Martiniquais venait de laisser son poste à un Mahorais dans la logique de la présidence tournante… mais n’a pas trouvé preneur.

Notre territoire savait pourtant que la présidence allait lui revenir à la suite de la Martinique, mais rien n’a été préparé. A la suite de guerres de chapelle comme on sait les mener à Mayotte, le siège est resté vide. Le vice-président Hassani Abdallah avait décliné en raison de son nouvel état de sénateur, et deux clans s’opposaient pour prendre la suite, celui de Roukia Lahadji et celui de l’ancien maire Rama. N’ayant pas trouvé de consensus, il a été décidé de geler momentanément la présidence.

Une conclusion amère pour un colloque qui fut de bonne tenue sur la semaine selon Eugène Larcher : « Nous avons eu de bonnes interventions, et des visites intéressantes. » Il évoque les problématiques de Mayotte en matière de maîtrise foncière, « c’est le rôle de l’Etablissement public foncier qui vient juste de se créer, il va aussi permettre d’aider les communes à se doter de logements sociaux », et de déchets, « les Interco auraient tout intérêt à garder la collecte, car les maires sont en première ligne face aux administrés sur ce sujet, et confier le traitement au syndicat SIDEVAM ».

Saturation avec 3 habitants au km2

Marie-Laure Phinera-Horth, maire de Cayenne
Marie-Laure Phinera-Horth, maire de Cayenne

Il faut absolument qu’une synthèse des propositions émises soit rédigée, car certaines peuvent dénouer des situations tendues, notamment en matière de constructions illégales.

La maire de Cayenne (Guyane) Marie-Laure Phinéra-Horth est notamment intervenue pour expliquer que sa ville et l’ensemble du département avaient les mêmes problématiques que Mayotte en matière d’habitat indigne. Nous l’avons rencontré pour davantage de détails sur les mesures adoptées : « Toutes les nuits, des cases se montaient, nous ne parvenions plus à lutter contre cette immigration qui induit une surpopulation scolaire et qui laisse les enfants dans la rue. »

Un sentiment de saturation alors que la densité de la Guyane n’est que de 3 habitants au km2 (contre 600 habitants/km2 à Mayotte) dans ce territoire qui fait plus de 200 fois la superficie de Mayotte…

Pas de « décasages » en Guyane

A sa demande, un partenariat est mis en place avec l’Etat début 2017, « un Comité de pilotage Etat-commune sur l’habitat indigne et spontané. Nous identifions les zones de surveillance, et les polices municipale et nationale patrouillent 24h sur 24 pour empêcher la construction de toute nouvelle case. Nous invitons aussi la population à participer. Il ne s’agit pas de délation, mais j’ai expliqué qu’en l’absence de réaction de notre part, des milices allaient se monter, et que nous irions à la catastrophe ». La situation que connaît actuellement Mayotte avec les « décasages ».

Elle invite les élus à interpeller le préfet de Mayotte sur ce sujet, « et Frédéric Veau connaît le problème pour avoir été en 1994 directeur de cabinet du préfet de Guyane, quand mon père était président du Conseil départemental. »

Pour que le colloque ne se termine pas seulement sur la fausse note des élus, et prouve son utilité, il va falloir se doter des moyens pour mettre en place ce qui marche chez nos grandes sœurs et grands frères ultramarins.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

 

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