La réussite éducative des enfants… et des parents

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Jacky Harouna
Une partie des acteurs du PRE
Une partie des acteurs du PRE

Le joli terme de « Réussite éducative » cache les raisons de son existence : des enfants en échec éducatif, qui nécessitent un soutien, souvent urgent. Partant de ce constat, en 2005, le Programme de Réussite Educative est lancé sur le plan national pour accompagner les enfants de 2 à 16 ans, qui ne bénéficient pas d’un environnement social, culturel ou familial favorable à leur réussite, et qui rencontrent des difficultés importantes.

Le premier PRE a été mis en place en 2007 à Mayotte au sein du quartier prioritaire de M’gombani. Sa révision en 2014 a permis de faire un point : ce sont 269 enfants qui ont été suivis sur la période 2015-2016, et avec eux, 227 familles. Un écart chiffré qui traduit la problématique de prise en charge des mineurs isolés. En ce qui concerne les jeunes qui n’ont pas la nationalité française, un travail a été fait avec les services de l’immigration pour trouver une solution.

Pour accueillir l’Association nationale des acteurs de la réussite Educative (ANARÉ), les professionnels étaient très nombreux à la mairie de Mamoudzou, une cinquantaine, et il faut retenir la qualité des échanges. Pour Jacky Harouna, Chargé de mission de la ville de Mamoudzou en charge de la réussite éducative, il faut étendre le concept à l’ensemble des communes à Mayotte, « et assurer une meilleure coordination entre les acteurs pour obtenir des fonds plus conséquents. »

« C’est quoi l’école ? »

Jacky Harouna
Le très actif Jacky Harouna

Daroussi, qui a mis en place la Caisse des écoles publiques* à la mairie, déplorait que lors de l’évolution du portage par l’Education nationale vers la mairie, la dotation de 140.000 euros allouée par l’Etat soit passée à une subvention de 85.000 euros, « et avec un public en difficultés socio éducatives croissantes. Nous sommes bien loin du droit commun. »

Il trouvait un écho dans les propos de Noussoura Soulaimana, ex-syndicaliste et écrivain qui avançait qu’ « on ne peut faire de politique de réussite éducative sans avoir les mêmes dotations par habitant en matière de sécurité et de santé notamment, que la métropole. L’éducation revient à la famille, l’instruction, à l’école ».

Ce qui pose la question de la parentalité et de ces parents désorientés qu’il faut accompagner : « Quand on parle de réussite éducative, on évoque l’absence des parents, mais sans s’interroger sur les raisons », évoquait une conseillère pédagogique.

La Ligue de l’Enseignement livrait une partie de la réponse : « Les parents nous demandent ‘c’est quoi l’école ?’. Ils délèguent l’éducation, le savoir-vivre, il faut sans arrêt resituer les rôles ». Au fil des échanges, il apparaît que les parents ont transposé sur l’école laïque l’idée qu’ils avaient de l’école Coranique, qui était à la fois éducatrice, détentrice des enseignements du civisme et religieux. Sans que l’information réelle de l’Education nationale en mode métropolitaine ne soit expliquée.

L’absentéisme minimisé

Pour le trésorier de l'ANARE, Mamoudzou est un "exemple de ce qu'il faut faire"
Pour le trésorier de l’ANARE, Mamoudzou est un « exemple de ce qu’il faut faire »

D’autre part beaucoup de familles vivent dans la précarité, et le chiffre de 70% vivant dans des bangas sans eau et sans électricité a été livré par l’assistante sociale du vice rectorat, « nous faisons beaucoup d’informations préoccupantes pour des jeunes en voie de délinquance ».

Les enfants qui sont suivis par le Programme de réussite éducative sont d’ailleurs détectés par l’école, « certains ont zéro dixième de vision en arrivant en 6ème, comment ont-ils appris ?! », lâchait une assistante sociale de Petite Terre, et sa collègue du VR rajoutait : « Au niveau de l’école primaire, beaucoup d’alertes sont minimisées, comme sur l’absentéisme par exemple. Or, la lutte contre le décrochage passe par la lutte contre l’absentéisme. » On serait même tenté de penser naïvement qu’il s’agit du point de départ.

Pour le trésorier de l’ANARÉ, Mamoudzou est un exemple de ce qu’il faut faire : « Votre approche est tournée vers le public, et non le territoire. Or, en métropole, la rénovation d’un quartier le fait sortir de la Politique de la Ville, or les populations restent, elles ! » Il indiquait militer pour inscrire le PRE dans les politiques nationales.

Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du Département Chargé de l’Action sociale, reconnaissait l’action du vice-rectorat, « 1er de la classe pour les remontées d’informations préoccupantes, place que nous devrions occuper, nous y travaillons ». S’il reconnaissait des problèmes de prise en charge par ses services, il rappelait le numéro de téléphone pour ces signalements, « le 119 comme au national ». Liliane Vallois, le directrice de la Politique Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), se disait rassurée par l’adoption récente du Schéma Départemental Enfance et Familles, « les choses s’accélèrent à Mayotte ».

Liliane Vallois rappelait l'adoption du Plan dédié, pourvoyeur de solutions
Liliane Vallois rappelait l’adoption du Plan dédié, pourvoyeur de solutions

La semaine se poursuit avec l’ANARE avec des rencontre des réseaux existants et des visites de quartier.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

* La Caisse des écoles publiques a pour mission de veiller au développement et au rayonnement de l’enseignement public et laïc.

3 Commentaires

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