Une fillette martyrisée chez sa tante

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Le tribunal de Mamoudzou
Le procureur Camille Miansoni
Le procureur Camille Miansoni

Arrivés à Mayotte, l’oncle se sépare de la petite et la confie à une tante. Le calvaire commence. La dame, mère de deux autres enfants, traite la nouvelle venue comme sa bonne à tout faire. Cuisine, ménage, l’histoire rappelle celle de Cosette, dans Les Misérables de Victor Hugo. Mais ce n’est pas une fiction. Un jour, elle demande à la petite de retirer du feu une imposante marmite. Elle se brûle sur la fonte, mais ne sera jamais soignée. Les violences sont telles que les femmes du quartier s’en inquiètent. Un jour, une travailleuse sociale passe par le quartier. Elle est prise à partie par les voisines qui expliquent le cas inquiétant de cette petite. Signalement au parquet, enquête, interpellation.
Amenée chez le médecin, la victime est dans un triste état. Cicatrices de plusieurs centimètres sur les jambes, lésions au visage et à la poitrine, plusieurs plaies non soignées. A la vue des photos prises lors de l’enquête, le président Sabatier tire la grimace. La victime explique en audition que sa tortionnaire la « pinçait avec ses ongles au visage et à la poitrine ». A sang. Interrogée sur la raison de ces violences, elle explique que c’était « nécessaire pour qu’elle arrête ses bêtises ». Avant d’admettre sa faute à demi mot. « Je pense que je suis peut-être allée trop loin dans les violences ».

10 000€ « pour une scolarité normale »

Désormais scolarisée en CM2, la petite victime a trouvé une famille d’accueil dans laquelle tout semble bien se passer selon le responsable de l’Aide Sociale à l’Enfance qui est désormais son tuteur légal. Me Andjilani, pour la partie civile, réclame 10 000€ de dommages et intérêts, afin d’assurer à l’écolière « une scolarité normale ».

Le procureur Miansoni s’est montré quant à lui soucieux de ne pas « rendre de décision détachée de la réalité du territoire ». Il faut que le jugement soit compris par la population explique-t-il en substance. « Ce dossier renseigne sur une réalité sociale. Cette affaire a le mérite d’avoir été dénoncée. Je regrette l’absence de Madame à la barre ». Regrettant le sort d’une « enfant sans famille, livrée à elle-même et devenue la petite fille à tout faire, il faut clairement sanctionner » conclut-il, réclamant 6 mois avec sursis et obligation d’indemniser la fillette.
La justice suivra ces réquisitions, ramenant en revanche les dommages et intérêts à 1500€.

Y.D.

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