Entendre parler de problématiques de qualité de l’air palmes aux pieds sur l’îlot Bandrélé, c’est plutôt décalé, mais à 6 heures du matin dans les embouteillages de Kawéni, ou à moto derrière une camionnette dans la montée Sogéa, là, on tend oreilles et narines… L’association Hawa Mayotte s’est installée à Mayotte lors de son accès au statut de région ultrapériphérique européenne et comme beaucoup de directives, elle s’applique sans discernement.
« La mesure de la qualité de l’air est une contrainte européenne imposée aux Etats membres » explique Bruno Brouard-Foster, Directeur d’Hawa Mayotte. En France, la loi LAURE (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie) de 1996, pose le principe que nous avons tous le droit de respirer un air sain. Elle impose à chaque région un observatoire de l’air, que met en place depuis plus de deux ans l’association Hawa à Mayotte. « Nous sommes pendant 3 ans en phase d’évaluation préliminaire », c’est à dire d’enregistrement de données de référence pour permettre ensuite des mesures comparatives.
A l’issue, des stations fixes seront implantées en 2019 sur des zones sécurisées du territoire, « sur le Grand Mamoudzou, où le trafic est concentré, mais aussi sur des sites périurbains. »
Un air pur à faire « éclater nos poumons »
En attendant une remorque mobile sillonne le territoire, et des capteurs ont été posés pendant un an, pour enregistrer la qualité de l’air : « Entre 6h et 8h du matin, puis un pic à midi et le soir, nous retrouvons certaines concentrations de polluants sur la zone de Mamoudzou tels que le benzène, le dioxyde d’azote, ou le dioxyde de souffre, mais tous, sous les seuils réglementaires. Y compris aux abords de l’usine EDM de Longoni. » Ouf, on respire ! En dehors de ces concentration de véhicule, un air plutôt pur donc à Mayotte.
Lorsque ces concentrations sont repérées, en métropole, viennent se coupler les prévisions météorologiques pour appréhender l’évolution du phénomène. Ce sera désormais possible à Mayotte puisque Météo France vient de signer ce mardi 28 novembre une convention bilatérale avec Hawa Mayotte : « La qualité de l’air est en effet impactée par diverses sources de pollution, mais aussi par la météorologie. Les vents ou les pluies peuvent aggraver ou dissiper la dégradation », commentait David Goutx, le délégué régional de Météo France.
Il est présent à Mayotte comme tous les ans pour le top lancement de la saison cyclonique, qui a eu lieu ce lundi.
Une 2ème remorque mobile est en route pour Hawa Mayotte, qui doit arriver en début d’année prochaine, « avec des analyseurs embarqués, pour pouvoir mesurer à deux endroits différents simultanément», conclut Bruno Brouard-Foster.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com