C’est en mars 2017 que la compagnie de Marie-Joseph Malé avait été choisie pour accompagner le redressement d’Air Madagascar. Avaient suivi des « fiançailles » matérialisées par la signature en octobre dernier par les deux parties de l’accord de partenariat stratégique fixant les modalités d’entrée de la compagnie réunionnaise au capital de la compagnie malgache. Devaient suivre le « closing », le mariage, avant la date buttoir du 31 octobre.
Deux conditions devaient être remplies avant de sceller l’accord : la prise en charge des créances d’Air Madagascar par le gouvernement malgache, et le versement d’un fonds de 40 millions de dollars par Air Austral, notamment pour entrer au capital de sa partenaire.
Les négociations ont donc enfin abouti puisque ce jeudi 30 novembre à 14h les ministres malgaches des Finances et du Budget, et des Transports et de la Météorologie ainsi que le Président Directeur Général d’Air Austral ont signé l’acte de cession dit « closing ».
Coopération des compagnies sur le régional
Il s’agit dans un premier temps de redresser la compagnie nationale malgache avant de la conduire sur le chemin d’un nouveau développement. Car le gouvernement malgache entend ne plus allouer de subventions à sa compagnie nationale, et ce, dès 2018.
« A court et moyen termes, il s’agit pour Air Madagascar de redevenir une compagnie aérienne rentable et cela en s’appuyant et en se concentrant sur l’exécution du Business Plan proposé par le partenaire stratégique et aujourd’hui acté. Un Business Plan construit autour de trois axes prioritaires : le renforcement et le développement du marché domestique, le développement du leadership d’Air Madagascar à l’international notamment sur l’axe Madagascar-Paris, la mise en place de synergies intelligentes par le renforcement de la coopération sur le réseau régional », indiquent les deux compagnies dans un communiqué conjoint.
Le partenariat établit les axes de transformation sur 10 ans et sera exécuté en deux phases : une phase de redressement et de rétablissement des fondamentaux déployée sur 3 ans et une phase de croissance, incluant le développement de la flotte et l’ouverture des nouvelles lignes. « La nomination de sept administrateurs, le 20 novembre dernier, pour un mandat de quatre ans a déjà donné le ton.
Bénéfique pour qui ?
A l’issue de la cérémonie de « closing », s’est tenu un conseil d’administration nommant Eric Koller, nouveau Président du Conseil d’Administration d’Air Madagascar. Le Conseil d’Administration d’Air Madagascar lors de sa séance du 12 octobre a désigné Rolland Besoa Razafimaharo comme Directeur général de la compagnie.
Vonintsalama Sehenosoa Andriambololona, le ministre des Finances et du Budget de Madagascar, indique que « l’Etat va se désengager entièrement de Air Madagascar à partir de 2018 en termes de subventions diverses » puisque que « grâce à ce nouveau partenariat, le redressement de la compagnie Air Madagascar sera assuré par une gestion performante ». Il se réjouit d’un « accord bénéfique pour les deux parties ».
Le sera-t-il pour la partie passager ? Etant donné que la tendance est au redressement des comptes côté malgache, et qu’une fusion casse la concurrence profitable à la baisse des prix des billets, on est en droit de s’inquiéter. Les voyageurs régionaux ont déjà expérimenté les vertus d’un Business plan qui a la saveur amer d’un sandwich durable sur le vol reliant les deux départements français de l’océan Indien.
Marie-Joseph Malé, PDG d’Air Austral, disait sa « fierté » pour Air Austral, « qui entre aujourd’hui au capital d’Air Madagascar et contribue ainsi, en tant que partenaire stratégique, à bâtir avec elle, en coopération, un nouvel avenir pour le désenclavement de nos deux pays. »
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com
Les chiffres clés du redressement du partenariat stratégique :
? 6,5% progression moyenne annuelle de la production
? 10% croissance du trafic mesurée en PKT soit 1 516 000 passagers transportés
? 420 millions de dollars : objectif à terme avec une évolution progressive du chiffre d’affaires
? 4,6% : taux de rentabilité à terme