13 novembre 2016. Un homme sans nouvelle de son neveu tente de le joindre sur son portable. Au bout du fil, un individu lui répond que le neveu a été enlevé, et qu’il faut rapporter 600€ pour le libérer. Peu après, c’est le frère qui, inquiet, appelle à son tour et peut parler au séquestré qui, cette fois, parle de 300€ pour être relâché, affirmant avoir été enlevé la veille au soir. Finalement, la victime parvient à prendre la fuite avant d’être prise en charge par les gendarmes.
Le jeune homme explique avoir été enlevé et violenté par trois hommes qui lui ont volé son portable avant de le séquestrer toute une nuit dans un banga de Koungou. Il décrit les lieux et y conduit les militaires qui identifient et interpellent Abdou, 23 ans. Ce dernier nie les faits. Il reconnaît cependant une rixe liée à un différend avec celui qui l’accusait d’enlèvement. Selon le mis en cause, sa victime aurait empoché son argent en vue d’une traversée d’Anjouan vers Mayotte, « mais quand je suis arrivé, le bateau était déjà parti » explique-t-il. Régulièrement expulsé du territoire, c’est la 3e fois qu’il tentait la traversée depuis sa première arrivée à Mayotte en 2013. Il traverse alors par ses propres moyens et arrivé à Mayotte, il menace le passeur s’il ne le rembourse pas. Peu après, il est arrêté et condamné à 1 an ferme pour des violences dans un autre dossier et part à Majicavo.
Le kwassa, ça pêche aussi…
Du côté de la victime, absente à l’audience, tout n’est pas clair non plus. Le rapport du médecin légiste ne permet pas de corroborer les violences qu’il affirme avoir subies. En outre, il réfute le litige lié à une traversée en kwassa et parle d’un différend « de pêche ». En outre il donne le nom d’un autre kidnappeur présumé, qui serait en fait le surnom d’Abdou.
Dans tous les cas, un arrangement est dans un premier temps conclu entre les familles des deux hommes, qui inclut la restitution du téléphone portable. « Tout est fini, les gendarmes ne doivent pas s’en mêler car il y a eu un arrangement » entendent les enquêteurs en écoutant la messagerie du téléphone du suspect. Lui, répète avoir été « accusé à tort ».
Pas de quoi convaincre le procureur qui juge que « les éléments fournis par la victime sont cohérents. Mais elle a tout de même menti sur la raison du différend et n’est pas tout à fait claire. Mais compte tenu de la violence et de la nature des faits, il y a un risque de réitération, il faut à nouveau une peine ferme significative de 8 mois de prison. »
Le tribunal a finalement condamné le jeune homme à 10 mois avec sursis pour enlèvement et pour le vol du portable.
Y.D.