« Pas de pluie on n’a pas d eau , trop de pluie , on n’a pas d eau ». Vous avez été nombreux ce week-end à vous agacer des coupures d’eau liées aux intempéries, pendant près de 24h.
La raison de ce qui, dit comme ça, semble bien paradoxal, relève d’une combinaison de facteurs. Les communes disposent de petites réserves, et l’eau est majoritairement issue des captages. Avec les fortes pluies, les filtres de la station d’Ourovéni ont été saturés par l’eau chargée en sédiments. Le temps que l’eau devienne plus commode à traiter, les réserves se sont vidées, et plus une goutte n’arrivait aux robinets.
Il n’en fallait pas plus pour que ce lundi matin, un groupe du collectif des assoiffés du sud n’organise une descente devant les locaux du Sieam, obligeant les dirigeants du syndicat à se retrancher dans les locaux d’une autre administration. Le président du syndicat Moussa Mouhamadi Bavi affirme toutefois que de telles coupures seront bientôt de l’histoire ancienne.
« On réalise actuellement des travaux, car l’usine ne répond plus aux besoins de la population. On n’arrive plus à faire face en cas de fortes pluies, explique-t-il. Mais grâce à ces travaux, d’ici trois mois, ça n’arrivera plus. »
Alors que s’est-il passé exactement ce week-end, et pourquoi la coupure a-t-elle été si longue ?
« On ne traite pas de la boue, mais de l’eau, poursuit le responsable, qui pointe la pollution de l’eau de rivière, et nous ne disposons pas de réserves suffisantes de stockage. »
« Pas comme l’électricité »
« Il a plu beaucoup et il y a eu une forte dégradation de la qualité de l’eau brute, qui a dépassé les capacités de traitement de la station, abonde Jean-Michel Renon, directeur de la SMAE. Il a fallu attendre que la turbidité redescende. »
Selon ce dernier, la station a été relancée dans la matinée de dimanche. Pour autant, nombre d’habitants n’ont pas eu d’eau avant la fin du week-end. « Il faut du temps pour les purges, nettoyer les filtres. Tout le départ de l’usine était impacté, précise M. Renon. Parfois il faut deux à trois jours pour tout remettre en route, ce n’est pas comme l’électricité. Il faut remettre en eau village par village, remplir les réserves et acheminer jusqu’aux robinets. »
La logique aurait alors voulu que, le captage étant indisponible, l’on puise dans la retenue de Combani, mais celle-ci est en travaux dans le cadre du plan urgence eau consécutif à la sécheresse de l’année dernière. « On est en train de terminer ces travaux-là, mais actuellement la canalisation de la retenue est indisponible » explique un technicien. »
C’est donc la combinaison d’une crue importante, d’un apport massif de boues et de l’indisponibilité de la retenue de Combani qui a entraîné cette coupure particulièrement irritante.
Cependant, un autre facteur est à prendre en compte, plus que jamais. Les boues abondantes qui ont saturé l’usine de traitement de l’eau proviennent selon une source au syndicat « d’érosion venant d’en amont du captage, et de déchets solides jetés au niveau du village de Combani ». Ainsi, si les investissement en cours sont indispensables et bienvenus, la coupure n’aurait peut-être pas eu lieu avec un cours d’eau en bonne santé. Le déboisement et l’érosion qu’il entraîne ainsi que les décharges sauvages ne sont pas de la compétence de la Mahoraise des Eaux.
Y.D.