Le glissement de terrain survenu non loin de la mairie de Koungou vers 23 heures mercredi soir a décimé cinq personnes d’une même famille. Dans le banga emporté par la coulée, se trouvaient une maman et ses cinq enfants. Seul un petit garçon a pu s’extraire des décombres, il a par la suite été remis à sa grand-mère. Collé par l’eau à une plaque de tôle, un cahier d’exercice attire le regard. Celui d’une fillette qui n’a pas survécu, explique Dhakoine Omar, un voisin. Sur place, de nombreux habitants du quartier se succèdent pour « venir voir ». Un peu par curiosité, beaucoup pour rendre hommage, aussi. Un à un, les voisins retirent les morceaux de meubles brisés en remontant l’étroit chemin boueux, stabilisé par des marches de pneus, et les déposent au bord de la route menant à l’Hôtel de ville.
Juste au dessus du lieu du drame, là aussi les voisins observent, circonspects, l’emplacement où se trouvait la maison la veille encore. Alors qu’une délégation des services techniques de la Ville vient constater les dégâts après le départ des gendarmes, une voisine exprime son inquiétude. « J’ai 7 enfants, soupire Fahidati Mohamadi, un bébé dans les bras, et on a tellement peur. » C’est elle qui a appelé les secours la veille au soir.
« On regardait la télé et on a entendu du bruit, je suis sorti et j’ai vu que ça avait glissé », relate son époux qui a alors alerté sa femme, laquelle a appelé la police. « J’ai fait le 17, ils nous ont dit de nous mettre à l’abri, puis les pompiers sont arrivés rapidement. »
Alors que le mari aimerait un relogement, elle répond que « pour l’instant on va rester ici, mais on a peur répète-t-elle. Il y a du vent, de la pluie… »
Pourtant des relogements, il devrait y en avoir. La préfecture informait ce matin que 150 personnes avaient été évacuées du quartier suite au drame. Le préfet qui s’est rendu sur place a rencontré le papa, absent lors du drame, et proposé un accompagnement psychologique pour la famille des victimes.
Sur les 150 évacués, un chiffre approximatif, beaucoup sont retournés sur les lieux « pour récupérer des affaires, contre les consignes de sécurité données », ou faute d’alternative. « Cette nuit, on a paré à l’urgence, confirme le directeur de cabinet du préfet Etienne Guillet. Des solutions d’hébergement sont en train d’être mises en place avec la Croix-rouge pour les personnes les plus vulnérables. »
Le nombre de personnes qui seront ainsi relogées dépendra du périmètre qui est en train d’être établi par le BRGM (bureau de recherches géologiques et minières) qui doit délimiter la zone touchée. Une réunion doit aussi se tenir en urgence ce jeudi avec les services de l’Etat pour « faire en sorte qu’il y ait une vigilance ».
En fin de matinée, quelque 200 personnes étaient réunies à la sortie du village pour les funérailles.
Y.D.