"Un deuil terrible pour toute la population de Mayotte"

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Le collectif évoque un deuil partagé, mais aussi une colère tous azimuts

Le collectif évoque un deuil partagé, mais aussi une colère tous azimuts
Le collectif évoque un deuil partagé, mais aussi une colère tous azimuts

Pour le collectif des associations de Mayotte, le drame survenu à Koungou mercredi soir est « Un deuil terrible pour toute la population de Mayotte, rien n’a été fait pour éviter cela ». Les responsables d’associations avaient décidé vendredi midi de recevoir la presse pour faire part de leur indignation, et de leurs questionnements.
« Nous n’allons pas faire nos surpris, ça fait des années que des choses comme ça se produisent, ce qui s’est passé n’est pas dû à la pluie mais quand la vérité parle d’elle-même, elle est moche exprime Safina Soula, porte parole du collectif.
C’est un coup de gueule aux tonalités variées qu’a voulu transmettre le Collectif. D’abord une tristesse énorme. » On est endeuillés, c’est un moment difficile car nul ne sait où ils [les habitants du quartier touché par le glissement de terrain, NDLR] vont dormir cette nuit . Malheureusement il faut qu’il y ait mort d’homme pour agir. Il faut des mesures pour éviter ce genre de drame »
Parmi les pistes explorées par le collectif, celle de la prérogative des maires. « Le maire a le pouvoir de dire quand il voit un banga : non vous n’avez pas le droit de construire là, il faut partir. C’est pourquoi nous avons émis en octobre à tous les maires de Mayotte que nous avons pu contacter, ce qui exclut celui de Koungou, une lettre demandant le déclenchement de la procédure de péril imminent contre les habitations d’infortunes. »
« La Ministre de l’Outre Mer nous dit que 800 logements sont prévus cette année. Pour qui ? Cela suffira-t-il a reloger tous ces gens-là ? Et on va les constuire où, on aimerait avoir des réponses poursuit la porte parole. »Voisins banga coulée de boue
Face à ce constat, le Collectif pointe des responsabilités partagées. « Il y a la responsabilité de l’Etat, celle des premiers magistrats et celle des Mahorais qui sont trop gentils. Ils ont fait le travail de l’Etat en logeant ces gens-là. »
Faute de réponse immédiate, le collectif « demande aux ministres concernés de déclencher un état d’urgence. Car une famille qui est partie, ce sont des séquelles psychologiques lourdes, il faudrait beaucoup de psychologues, qui va payer pour ça ? »
Seul le Codim (Collectif pour les intérêts de Mayotte), responsable des décasages de 2016, s’est éloigné du ton solennel qui faisait jusqu’alors consensus pour retomber dans des raccourcis douteux. « Dès qu’on a commencé à décaser, la préfecture nous a empêché de le faire, déplore Dzoro Moro, président de l’association. Et ceux qui commettent des crimes, on les met dans un endroit tranquille avec la télé » poursuit-il, assumant à demi mot l’amalgame entre les délinquants et la famille décimée la semaine dernière.
« Quand on est en colère, on ne prévoit pas, les décasages c’était de la destruction, car les gens étaient en colère, corrige Antufati, des Assoiffés de Mayotte. Notre territoire présente des risques forts, est-ce qu’on a les moyens de reloger ces personnes dignement, s’interroge-t-elle. » « Quand avec la colère on ne pourra plus arrêter la population, on n’aura que nos yeux pour regarder », lui rétorque le président du Codim.
Safina Soula en revient enfin à la politique migratoire, pour encore pointer le rôle de l’Etat. « La France est la 5e puissance mondiale. 70km séparent les Comores de Mayotte, si on a réussi à éradiquer la piraterie du golfe d’Aden, je ne comprends pas qu’on n’empêche pas les traversées de gens qui risquent leur vie. »
Quant aux populations déjà présentes sur l’île « elle ne fait que 374km² » argue le collectif qui prône pour un couloir humanitaire vers la Réunion et la Métropole afin de les accueillir.
Autant de questions et de remarques que le Collectif partage avec une partie de la population, dans un refus consensuel de se résigner à accepter le pire.
Y.D.
 

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