Le quartier Bandrajou, c’est un espace enclavé, sur les hauteurs derrière le LPO Mamoudzou Nord. Une route boueuse pour y monter, puis un dédale de ruelles serpentant entre les bangas, faisaient le bonheur des délinquants qui sévissaient près des établissements scolaires voisins.
En novembre, suite à une série d’agressions près du lycée et des collèges alentours, plusieurs opérations de police avaient fait six blessés parmi les forces de l’ordre, systématiquement caillassées dans ce quartier.
En décembre, le Bureau prévention et partenariat (BPP) du commissariat, mené par Thierry Lizola, prenait contact avec les associations de quartier en vue de nouer un partenariat sur place.
Le pont entre la police et les habitants, c’est le Collectif de lutte contre la délinquance de Kawéni qui l’a fait, en trouvant à Bandrajou des référents de quartier, une démarche soutenue par la mairie de Mamoudzou. Dès lors, les habitants, pris en otages par une poignée de délinquants, ont décidé de prendre les choses en main. En secret -police et mairie se sont bien gardés de communiquer dessus, le temps de voir si ça fonctionnait- la population a décidé la mise en place d’un couvre-feu pour les mineurs. Une initiative populaire, totalement informelle, qui n’a fait l’objet d’aucun arrêté municipal ou préfectoral et n’était donc pas contrôlée par la police, mais par les habitants. Et le résultat a été surprenant. En quelques semaines, les trois boutiques du quartier ont rouvert leurs portes, et un dialogue s’est instauré entre les associations et les parents de mineurs, avec le soutien discret des autorités. Six semaines plus tard, le résultat dépasse toute espérance, même si la situation « reste fragile » selon les policiers.
« Notre objectif c’est de faire bouger les choses, explique Wadjihidine Ayouba, un jeune étudiant de Bandrajou. On lutte contre la délinquance car on veut participer à l’évolution de Mayotte poursuit-il. On veille à ce qu’avec le couvre-feu, aucun jeune ne traîne dehors, et le plus souvent ça passe avec le dialogue, en parlant avec les jeunes ou leurs mamans. »
Constatant début janvier que le couvre-feu portait ses fruits, le policier Thierry Lizola est revenu dans le quartier, et une cérémonie a été organisée par les habitants ce dimanche pour faire un bilan avec les habitants. Entre 250 et 300 personnes étaient réunies sous des bâches et des toilesfixées avec des bambous et des cordages. La délégation composée de cadres de la police, du premier adjoint au maire Bacar Ali Boto et de responsables associatifs avait pris place sur une estrade en bois de palette. C’est dire si les habitants tenaient à bien faire les choses, même avec les moyens du bord.
« On est perçus comme des voyous »
Pendant ce temps, ce sont pas moins de 200 jeunes qui ont passé un brassard vert autour de leur bras et se sont répartis sur tout le quartier pour assurer la sécurité des habitants et des visiteurs du jour. Là encore, du jamais vu. Ce sont donc en tout pas loin de 500 habitants qui ont exprimé par leur engagement leur refus de la délinquance, et leur conviction que la police n’est pas leur ennemie. En témoignent les banderoles brandies par de tout jeunes enfants, sur lesquelles on pouvait lire « bienvenue à la police » (voir photo). La volonté aussi de donner une meilleure image du quartier.
« On est perçus comme des voyous, déplore Wadjihidine Ayouba. Mais non, on a ici des étudiants, des diplômés. Par contre on n’a pas d’eau, pas d’électricité. On vit avec la peur d’être expulsés. Ce qu’on aimerait c’est de meilleurs conditions de vie, des routes, de l’électricité. La réalité ici, c’est qu’on est parfois une vingtaine connectés sur le même compteur. Alors les paroles, c’est bien, mais on veut aussi des actes. Ce qu’on a aujourd’hui, c’est du jamais vu à Bandrajou, alors on y croit, on est confiants. »
« La population est demandeuse de ce rapport force-dialogue », constate le commandant Stéphane Demeusy. Un dialogue qui sera encore renforcé dans les semaines à venir avec le recrutement annoncé ce dimanche d’une douzaine de jeunes, en service civique, au commissariat. Le jeune Wadjihidine Ayouba, remarqué pour son implication, pourrait être un des premiers à en bénéficier.
Des demandes légitimes qui trouvent écho dans le plan de rénovation urbaine (Anru) de la Ville de Mamoudzou. « Il y a un gros projet Anru comme à M’Gombani, mais 4 ou 5 fois plus gros », explique Bacar Ali Boto, premier adjoint au maire de Mamoudzou. Au moins 100 millions d’euros seront investis par la commune pour rénover le quartier de Kawéni, Bandrajou inclu. « Voirie, logements collectifs et individuels, infrastructures, écoles, on est dans une démarche de création d’un nouveau quartier moderne. On l’a fait à partir des doléances des habitants et de l’avis de la population, poursuit Bacar Ali Boto. »
Actuellement, cet énorme chantier en est à « la phase de programmation ». Ni le budget, ni les projets ne sont arrêtés. Toutefois des actions pourraient être menées plus rapidement. « Bien sur Brandrajou, il ne faudra pas le laisser comme ça encore longtemps » conclut l’élu.
Y.D.
536978 909742Wow, amazing weblog structure! How long have you been running a weblog for? you created running a weblog appear effortless. The complete look of your website is magnificent, neatly as the content material! 230786