Difficile pour le président du Département de commencer ce discours de vœux sans évoquer la catastrophe qui a endeuillé une famille à Koungou lors des intempéries, « il y a urgence à accélérer le rythme d’élaboration des Plans de Prévention des Risques ». Un drame lié à l’implantation anarchique des cases à flan de colline, et contre lesquelles il compte agir : « Après avoir achevé le recensement des occupations illégales des terrains privés et publics, une procédure d’expulsion sera engagée auprès des autorités compétentes pour faire cesser ces appropriations illégales. » On ne parle pas de relogement.
Fidèle à son habituelle recherche de consensus, Soibahadine Ramadani n’est pas revenu sur la crise provoquée par la feuille de route franco comorienne, événement dont il préfère retenir la participation, « pour la première fois dans l’histoire de Mayotte, des parlementaires Mahorais à la commission mixte franco-comorienne de décembre dernier, augurant ainsi de nouvelles perspectives dans les relations avec notre voisinages immédiat ».
Le grand chantier de l’année fut sans nul doute celui de la réorganisation des services du Département, avec « prés d’un an et demi d’intenses concertation notamment avec les organisations syndicales », et qui « arrive à son terme ». Il s’agissait étonnamment de faire fonctionner différentes instances internes de concertation, « en sommeil » jusqu’à présent, comme la Commission Administrative Paritaire ou la CHSCT. Ce qui implique de débloquer des moyens pour leur fonctionnement, 3 millions d’euros sont envisagés pour 2018.
Outre les avancées qu’ont constitué l’indexation et les titres-restaurant, c’est la mutuelle santé qui est maintenant à l’étude. A noter le recrutement de Mahafourou Saidali, « le 1er DGS Mahorais du conseil départemental post décentralisation ».
2017 à l’équilibre
Cité à plusieurs reprises, l’Etat semble très sollicité par le conseil départemental, « notamment dans le domaine de la protection maternelle et infantile et l’aide sociale à l’enfance ». Deux secteurs où les compensations financières de l’Etat, avec rétroactivité, ont été notables, respectivement 120 millions d’euros et 51,4 millions d’euros. Il faut y voir la reconnaissance d’un travail enfin initié dans ces domaines.
Sur le plan financier, le président aime à souligner le redressement de son début de mandature, passant d’un déficit de 9,6 millions d’euros à un excédent de 12,9 millions d’euros. Et un simple équilibre « selon les projections actuelles » pour 2017.
Les investissements ont concerné gymnase, PMI et centre de secours, mais également les pistes rurales, la modernisation de la flotte du STM, l’électrification rurale, « et achevé les travaux de dépliement du haut-débit dans le sud de l’île ».
Autre grand chantier lancé à son début de mandature, le toilettage institutionnel, qui permettra à Mayotte qui exerce les compétences d’une région, sans en être une, d’en obtenir les compensations financières. Sujet complexe, et compliqué par la loi NOTRe qui prive précisément notre Département de l’exercice de sa compétence régionale sur le papier. Il résulte de ce débat que nous laisserons momentanément aux universitaires, qu’on ne sait plus trop comment appeler Mayotte autrement que collectivité unique, terme utilisé dans la question référendaire posée aux Mahorais, « la seule à même d’exercer la double compétence ». Quand la caméra zoome arrière…
27 millions d’euros pour la formation
Les 4 grands chantiers à venir se nomment Jeux des Iles de l’Océan Indien que le Département souhaite organiser en 2023, Schéma d’Aménagement régional (SAR), Plan d’Investissement compétence, et Agenda culturel départemental 2018-2021. Le premier semble « incertain », faute d’un « engagement ferme de l’Etat », qui demande une étude préalable de faisabilité.
Le 2ème, indispensable, est annoncé chaque année. Avec le SAR, il s’agit de proposer un aménagement du territoire en fonction de ses pôles de développement, « la méthodologie est basée sur un partenariat fort entre les collectivités territoriales, leurs élus, et l’Etat. Une Commission d’élaboration du SAR sera mise en place prochainement ».
Le Plan d’investissement compétence va doter Mayotte de 27 millions d’euros pour la période 2018-2022, et s’adresse à des publics non qualifiés, dont les jeunes et les demandeurs d’emploi.
Enfin, l’agenda culturel 2018-2021 permet d’établir un début de programmation de ce qui sera les grands rendez-vous : le Festival des Arts traditionnels (FATMA), danses et chants, le Festival des musiques urbaines de Mayotte, le Maore jazz 2018, le Festival de Mayotte qui alternera tous les 2 ans avec le Salon Régional du Livre, les Journées européennes du patrimoine, et la Conférence internationale sur les civilations du Canal du Mozambique. Un Office culturel départemental a été créé et les efforts seront fait pour labéliser le Muma « Musée de France ».
Soibahadine Ibrahim Ramadani qui s’est dit « pas très en forme », a clos son discours sur une minute de silence en mémoire des deux députés de Mayotte Jean-François Hory et Henry Jean-Baptiste, décédés respectivement en fin et début d’année
Des médailles d’or du Travail ont ensuite été remises à plusieurs agents.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com