Il aura fallu un drame pour que des actions soient mises en place. « Un électrochoc », dira le préfet pour évoquer au début de ce mois l’effondrement d’un mur de pneus à Koungou, qui a couté la vie à une maman et 4 de ses enfants. Et qui va « nous inciter à agir plus vigoureusement dans la lutte contre l’urbanisme illégal ».
Une action qui commencera par un recensement des situations, pour ensuite mettre à l’abri « en tenant compte de leur situation administrative individuelle », et en veillant que les constructions ne reprennent pas dans ces zones à risques. Le préfet appelle à « plus d’efficacité » sur les règles d’occupation illicite, en expliquant être intervenu « à chaque fois que les conditions de droit ont été remplies ». Mais « le nombre de procédures prêtes restent faible ». Soulignons que beaucoup de cases sont loués par des Mahorais qui se plaignent ensuite d’occupations illicites. En tout cas, le préfet lance un appel à recourir à la justice.
Revenant brièvement sur le recensement, Frédéric Veau tente de faire taire toutes les critiques en rappelant qu’il avait été « préparé de façon très méthodique » par l’institut de la statistique et les mairies.
Les chiffres de la délinquance bientôt publics
Outre les problématiques d’habitat illégal, l’autre fait majeur de l’année fut la crise de l’eau. Les 25 millions d’euros du Plan d’urgence vont permettre de passer la production d’eau des forages et de traitement de l’eau de mer de 20 à 40% de la capacité totale.
20 jours, c’est la période sans conflit social sur l’ensemble de l’année 2017 ! « Des conflits très longs, très durs », « quand la surenchère répond à la surenchère »… Frédéric Veau appelait à ne pas oublier « qu’un jour au l’autre il faut retravailler ensemble », « sans esprit de compromis, c’est l’impasse assurée ». Et même le licenciement pour plusieurs salariés.
En 2018, 3 sujets vont occuper la préfecture : la sécurité, la maîtrise de la pression migratoire et la contribution au développement économique et social. Rappelant « une diminution de 9% des faits de délinquance constatés en 2017 », bien que « peu parlante pour les victimes », le préfet expliquait rester « lucide » face à la fragilité de la situation. Les chiffres de la délinquance seront livrés dans quelques jours.
« Humanité, rigueur et fermeté », répond l’écho
En matière de pression migratoire, Frédéric Veau est sur le droit fil du discours d’Emmanuel Macron à Calais, en évoquant ses maîtres mots « Humanité, rigueur et fermeté » en écho des « Ordre-autorité-humanité » extraits du discours présidentiel.
Ce qui se traduit par la reconnaissance rapide « des droits des personnes qui remplissent les conditions » de séjour, « pour éviter de développer les situations intermédiaires avec des personnes ni en règle, ni éloignables ». Prés de 20.000 l’ont été en 2017, et le nombre devrait s’accroitre en 2018, « avec les moyens nautiques neufs programmés ».
Peu d’annonces pour le développement économique et social en dehors de la poursuite de l’effort en matière de logement social en « mettant à profit » l’arrivée de la société SNI comme actionnaire de la SIM. Le 13 février un point sera fait sur la commande publique avec les acteurs économiques avec une mise en place de « l’indice du bâtiment* ».
Sur le plan social, un travail partenarial est poursuivi avec le conseil départemental sur « la relance de la protection maternelle et infantile », jusque là particulièrement sinistrée à Mayotte.
Un mot, une phrase pour les Assises, dont il faut retenir que les Mahorais ont « répondu présent », et une première indication, « il s’agit de davantage utiliser les marges d’adaptation du droit que l’article 73 de notre Constitution permet ».
Des vœux présentés devant un parterre de personnalités, et si le conseil départemental était représenté, peu de maires s’étaient déplacés. Un cocktail à clôturé la soirée.
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com
* Mesure l’évolution des coûts de production dans le secteur du bâtiment