Le syndicat CGT Educ’Action a rappelé dans un communiqué émis ce dimanche les événements violents de vendredi au lycée de Kahani.
« Vendredi 19 janvier 2018 dans la matinée, le lycée de Kahani a été le théâtre d’une véritable scène de guerre. Pendant plusieurs heures, des bandes se sont affrontées aux abords et à l’intérieur de l’établissement. La situation s’est très vite avérée incontrôlable et il a fallu l’intervention en nombre des gendarmes mobiles dans le lycée pour permettre une évacuation des élèves. Au cours de ces longs, très longs moments de chaos (présence de nombreux individus cagoulés et armés, caillassages dans et aux abords du lycée, mouvements de foule, instants de panique généralisée, bagarres simultanées dans plusieurs zones, élèves blessés ou faisant des malaises qu’il fallait évacuer en dehors des zones d’affrontement, explosions de bombes lacrymogènes, hélicoptère de la gendarmerie survolant le lycée…), la solidarité et le professionnalisme remarquables dont ont fait preuve l’ensemble des personnels (et la chance aussi, très certainement) ont permis d’éviter une tragédie. »
Suite à ces événements, le syndicat appelle à la poursuite du droit de retrait, et en appelle à des réponses plus fortes du vice-rectorat.
« Et maintenant ? s’interroge la CGT, en début d’après-midi, après l’évacuation du lycée, les personnels, en assemblée générale ont pris la décision de faire valoir, de nouveau, leur droit de retrait pour la journée de samedi et souhaité la venue de la Madame le vice-recteur qui est, enfin, venue samedi 20 janvier.
Et ensuite ? Que faire maintenant ? C’est la question que chacun se pose car aujourd’hui, ce n’est plus l’inquiétude qui domine chez les personnels, mais bien la peur.
A ce stade, la seule réponse que peuvent apporter les personnels (quels que soient leurs statuts ou leurs fonctions) est le droit de retrait, tant la situation de danger grave et imminent à laquelle ils sont (et bien entendu leurs élèves) confrontés perdure et perdurera sans réponse concrète et crédible apportée par l’institution.
Mais la réponse du vice-rectorat est tout sauf satisfaisante, la seule décision concrète étant de porter plainte… tout en faisant pression pour que les cours reprennent au plus vite, sans aucune garantie sur la présence permanente des forces de l’ordre, sans donner le moindre signal positif quant à une dotation supplémentaire en moyens éducatifs ! »
De CGTiste à Zadiste ?
« Le lycée de Kahani est une zone éducative à défendre » écrit le syndicat, en référence aux Zones à Défendre médiatisées notamment sur le site de l’ex-futur aéroport de Notre Dame des Landes.
« Cela fait maintenant des mois que nous alertons sur la montée de la violence scolaire à Mayotte en général, et au lycée de Kahani en particulier. Cependant, malgré les multiples incidents, malgré les événements violents de novembre 2017 qui avaient contraint les personnels de Kahani à exercer, légitimement, leur droit de retrait pendant plus de deux semaines, les autorités ne semblent pas encore prendre la mesure du problème. Plus grave peut-être, nous avons la désagréable impression que pour le vice-rectorat le mal à traiter en urgence est davantage le droit de retrait des personnels que sa cause, la violence. Faudra-t-il donc des morts pour que chacun prenne la mesure de la situation ? Le lycée de Kahani est aujourd’hui est un établissement en grand danger, une zone éducative à défendre. Il faut donc un engagement fort des autorités concernant la présence permanente des forces de l’ordre et une dotation immédiate, en urgence, en personnels éducatifs.
Sans cet engagement, pour la CGT éduc’action Mayotte, les conditions d’une reprise des cours ne sont pas réunies et dans l’attente toute forme de pression sur les personnels pour qu’ils reprennent leur service sans que la sécurité soit assurée serait profondément choquante et pourrait avoir des conséquences lourdes. »
En quelques mots, le syndicat enseignant écarte donc l’éventualité d’une reprise des cours en ce début de semaine, sauf à entrevoir des solutions pérennes de la part de l’administration.