Déchets en souffrance : le SIDEVAM 976, en sortir, ou pas ?

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©SIDEVAM976
Difficile de ne pas tomber sur de telles zones d'éparpillement des déchets quelque soit la commune
Difficile de ne pas tomber sur de telles zones d’éparpillement des déchets quelque soit la commune

Dans un courrier adressé le 17 janvier au président du SIDEVAM 976, la maire de Sada Anchya Bamana fait état de « dégradation de la collecte des ordures ménagères » dans sa commune (Lire Courrier aux sidevam d’Anchya Bamana). Elle n’est pas la seule à déplorer que depuis « plusieurs mois, la commune croule sous les déchets ». Le maire de Dzaoudzi Labattoir Saïd Omar Oili avait déjà dans le passé menacé de sortir sa commune de la collecte des déchets, et poursuit ce combat pour la propreté au nom de l’intercommunalité de Petite Terre désormais.

Ce que reproche Anchya Bamana, c’est un service qui va en « dégénérant », avec un ramassage passé de 3 jours à 2 après-midi, alors qu’elle a équipé son service de voirie de deux camions benne, installé des corbeilles de ville, matérialisé les lieux de dépôt, recruté plusieurs agents en CUI « pour suppléer vos équipes », etc.

La commune finance deux fois pour le même service, puisqu’il est mal assuré par le SIDEVAM reproche aussi Saïd Omar Oili : « Nous payons 2 millions d’euros de cotisation au SIDEVAM, auxquels il faut rajouter nos charges personnelles de camions. Le SIDEVAM rétorque que les propreté communale relève des communes, mais ils ne nous mettent pas assez de bacs à disposition, moyennant quoi, les déchets sont parterre, et ils ne les ramassent pas ». Ce qui donnent des spectacles désolants.

Les poubelles, un outil mobile de barrage

Des poubelles brûlées ou volées
Des poubelles brûlées ou volées

En conséquence, le président de l’intercommunalité de Petite Terre envisage une nouvelle fois de sortir de la collecte, « il faut pour cela que le SIDEVAM différencie collecte et traitement, ce que nous leur avons demandé par courrier ». Mais il explique qu’aucune décision n’est encore prise : « Nous allons étudier la différence des coûts en cas de maintien ou pas, en tenant compte de la récupération du produit de la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Mais nous avons déjà pris les devants et voté un délibéré pour sortir de la collecte au 1er janvier 2019 ».

Le SIDEVAM nuance ces critiques, par la voix du directeur de cabinet du président Bamcolo : « La responsabilité est partagée. Nous comprenons la colère d’Anchya Bamana, mais l’accumulation des déchets chez elle, est liée au passage au nouveau calendrier de ramassage, et la coïncidence avec deux jours fériés de Noël et du premier de l’An. Quant aux poubelles, nous ramassons les déchets à terre sur les points de collecte, mais pas aux alentours ». Installer davantage de poubelles semble donc incontournable.

Mais elles sont volées ou servent pour ériger des barrages occasionnels par les manifestants. Le SIDEVAM est en attente de plusieurs centaines, mais sans surveillance, les bacs risquent de connaître le même sort. Ce n’est pas le cas à Mamoudzou où les containers aériens ou semi-enterrés ont été mis en place, beaucoup plus couteux, mais inamovibles, et donc sans doute plus rentables. Ils nécessitent par contre le remplacement de la flotte de camion benne par des camions plateau. Un investissement couteux.

Des bacocos à reclasser

En 2015, plus de 3.000 bacs reçus par le SIDEVAM
En 2015, plus de 3.000 bacs reçus par le SIDEVAM

Dans les communes on pointe un problème managérial au SIDEVAM, dépourvu de directions intermédiaires, qui pourraient surveiller l’emploi du temps réellement effectué chez les agents, les conditions d’entretien des camions, etc. D’autre part, aucune souplesse de ramassage calqué sur leur calendrier de festivités, qui provoque des dépôts de déchets laissés à l’air libre des jours entiers, avec déchiquetage à la clé par les chiens errants.

Les agents ont été massivement recrutés, 250 pour 16 communes (Mamoudzou ayant son propre système de collecte), c’est beaucoup, et ils trop âgés, « ils sont très fatigués pour la plupart », explique Ibrahim Bahedja qui indique en avoir reclassé une vingtaine en agents de sensibilisation, « mais les autres n’ont pas l’âge de la retraite ».

Alors, le SIDEVAM, en sortir ou pas ? C’est le débat que l’intercommunalité 3CO* va avoir ce mercredi avec le SIDEVAM. Comme en Petite Terre, il va falloir prendre en compte la reprise dans ce cas du passif, c’est à dire le personnel et du matériel endommagé, dont les camions.

Pas évident que les intercommunalité y trouvent leur intérêt. Il va donc falloir prendre des décisions draconiennes pour la gestion de ce syndicat, qui passera aussi par le règlement des cotisations, alors que certaines interco se font tirer l’oreille. « Nous avons réussi à fédérer sur ce petit territoire, ce serait dommage que chacun reparte dans son coin », alerte Ibrahim Bahedja.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

* Chiconi, Mtsangamouji, Ouangani, Sada et Tsingoni

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