Vœux émis avec une pression allégée cette année, puisqu’aucun tour d’eau ne se profile à l’horizon, au contraire, nous pourrions presque fournir de l’eau potable à La Réunion, où la commune du Tampon est en pénurie à la suite de casses provoqués par la tempête tropicale Berguitta… Nous qui avons attendu en vain le tanker ravitailleur depuis l’autre département français.
Le président Bavi reconnaissait sa « part de responsabilité dans la crise de l’eau », renouvelait ses excuses au nom de son syndicat, en s’engageant à ne pas faire revivre aux habitants ce « cauchemar ».
L’appui de l’Etat, plus particulièrement « du préfet de Mayotte », a été souligné à plusieurs reprises dans son discours, notamment pour la mise en place du Plan urgence eau. « Nouveaux forages, interconnexion entre le Nord et le sud », dont on ne sait si elle est enfin effective, « nouveaux captages en rivières, extension de l’usine de dessalement, rehausse de la retenue de Combani », si le président ne faisait pas de point précis sur l’avancement des travaux, il garantissait en tout cas « que les Mahorais sont à l’abri de tout risque de pénurie d’eau cette année », et avec les opérations du plan urgence eau, « pour bon nombre d’années à venir ».
Un réseau « désuet » pour ne pas dire vétuste
Un ingénieur a été récemment recruté, Ronan Le Goaster, pour suivre le Plan d’urgence, et 3 ingénieurs vont intégrer les équipes du Sieam. Surtout, un contrat de progrès va être signé avec l’Etat pour « sécuriser le financement des Plan pluriannuels d’investissement sur l’eau et l’assainissement » à hauteur de 120 millions d’euros d’ici 2020. Pour l’instant, le financement est assuré par un prêt de 46 millions d’euros de la Caisse de Dépôt et de Consignation, d’un préfinancement de l’Agence Française de Développement de 17 millions d’euros et d’une ligne de trésorerie de 15 millions d’euros de la BFCOI.
En dehors du Plan urgence, le Sieam doit absolument remettre aux normes ses ouvrages et ses réseaux pour les adapter à la croissance de la population, on l’a vu avec les coupures à répétition qu’engendre un sous dimensionnement de la capacité de stockage. Ce sera notamment le cas indique Bavi à La Vigie, en Petite Terre, et au réseau « désuet de Sada ou de Chirongui ».
2018, année de l’assainissement
Ce qui aurait pu être la grande annonce, c’est le lancement du projet de la retenue d’Ouroveni, la 3ème, qui dotera Mayotte d’une capacité supplémentaire de stockage.
Mohamadi Bavi annonçait ce vendredi avoir réglé « définitivement la question foncière ». Une épine de prés de 10 ans dans le pied du Sieam. La Déclaration d’utilité Publique qui devait déboucher sur une expropriation par le préfet ne serait donc plus utile, « les négociations avec la famille Bamana ont abouti », nous précise Camille Abdullahi, le directeur de cabinet du président.
Pour l’instant, nous sommes toujours sur le prévisionnel à 2022 pour la 3ème retenue, qui avait été annoncé lors de la Crise de l’eau.
A chaque année ses priorités. Si 2017 fut celle de l’eau potable, 2018 devrait être consacrée à l’assainissement, « nous accusons un retard énorme qui doit rapidement être rattrapé pour répondre aux exigences de l’Europe ». 23 millions d’euros doivent y être consacrés.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
