Le fait nouveau de cette affaire Batrolo , c’est l’union de l’ensemble des collectifs des propriétaires se considérant spoliés sur l’ensemble du territoire : « Le Collectif des citoyens de Mayotte a rejoint le Collectif Maore Y Himi (Debout) de la famille Batrolo », explique Moinaecha Hariti qui, bien que couturière, ne compte pas faire dans la dentelle sur cette affaire : « Depuis le constat d’huissier et la décision d’expulsion du tribunal tombée en avril 2016, le nombre de cases installés sur notre terrain est passé de 60 à 500 ! Et pour exécuter la décision du tribunal, on nous demande 500 euros par banga, on ne peut pas payer et en plus pour des gens qui se sont invités chez nous ». L’huissier leur avait fait un prix soldé en descendant à 389 euros par banga.
Réunie avec le Collectif des citoyens de Mayotte, la famille dit son incompréhension d’une loi qui lui semble illogique : « Nous sommes 9 familles à avoir hérité ce terrain de notre grand père à Kawéni*. Nous payons les impôts fonciers, et depuis que nous avons décidé d’avoir recours à la justice pour déloger les occupants illégaux, nous avons payé le géomètre Mayotte Topo pour l’enquête d’identification des occupants, l’avocat Elad Chakrina, et l’huissier Youssoufa, pour au final avoir une décision en notre faveur mais qui n’est pas appliquer parce qu’il faudrait que l’on paye encore ! »
L’inquiétude se fait plus vive depuis le drame de Koungou, « étant donné que le terrain est par endroit en zone à risque de glissement, et que des murs de pneus ont là aussi été érigés, nous craignons le même effondrement ». Ils ne savent pas si le risque est suffisamment important pour que les autorités décident d’évacuer la zone…
« En n’appliquant pas la décision du tribunal le préfet se met hors la loi. Nous pouvons aussi nous mettre hors la loi en décidant de faire son boulot », gronde les hommes de la famille plus loin. Contactée par le JDM la préfecture n’a pas souhaité réagir.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Montée SFR