Inflation de 0,4% en 2017 : grand écart entre l’alimentation et l’habillement

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Jamel Mekkaoui et Bourahima Ali Hadhurami décryptaient pour nous les tendances 2017
Jamel Mekkaoui et Bourahima Ali Hadhurami décryptaient pour nous les tendances 2017

Avec 0,4% de hausse des prix pour 2017, nous ne sommes plus dans les envolées de l’année 2008 où l’inflation dépassait les 5% à Mayotte. Il faut en chercher notamment les raisons sur le plan mondial, « la question du maintien d’une tendance inflationniste a été révisée », commente Jamel Mekkaoui, le directeur départemental de l’Institut national de la Statistique et des études économiques (INSEE).

Mais pas uniquement. Le diagramme en bâtons traduit une hausse exagérée en 2011 à Mayotte, en tout cas plus élevée que sur le plan national, comme une explication évidente aux grèves contre la vie chère (diagramme 1), avec ensuite une compensation à la baisse en 2012. On pourrait à la fois l’imputer à la dégradation de l’économie qui s’en est suivie, qu’à la régulation mise en place par l’Etat, Bouclier qualité prix, et fixation des prix de l’énergie. Depuis, Mayotte joue les bons élèves, et si en 2015 les prix n’ont pas évolué comme sur le plan national, en 2017 l’augmentation est plus faible, « ce qui colle davantage à la réalité ».

Pour mener son enquête, l’INSEE étudie 190 variétés de produits représentatifs de la consommation locale, 1.200 biens et services suivis sur 180 points de vente.

Produits frais et poisson en têtePoisson

Dites moi ce que vous consommez, et je vous direz qui vous êtes ! Autrement dit, à chacun sa consommation, et l’impact qu’elle aura sur son portefeuille. Deux chiffres sont importants à connaître pour chaque catégorie. Son augmentation en 2017, et le « poids » qu’elle a dans la consommation du Mahorais moyen, comme il y a un Français moyen.

L’alimentation est le poste dont les prix ont encore une fois le plus augmenté, +2,5%, et une fois encore, tiré vers le haut par les produits frais, +7,6%, mais aussi par les boissons non alcoolisées, +5,7%, le poisson, +3% et les viandes et volailles, +1,9%. Et comble de malheur, l’alimentation pèse pour 26% dans nos dépenses de consommation. Difficile de dire pourquoi ces prix augmentent toujours plus que la moyenne, expliquent Bourahima Ali Hadhrami, responsable des prix à l’INSEE et Jamel Mekkaoui, « c’est peut-être lié à la hausse du niveau de vie qui booste les prix vers le haut ».

Après 4 années de baisse, les prix de l’énergie augmentent à la suite du rebond mondial des cours du pétrole, « mais étonnamment, sans décalage avec le comportement de ce poste en métropole alors que nous sommes régi ici comme dans les autres DOM par des arrêtés préfectoraux », souligne l’économiste. Il pèse pour 6% dans notre budget.

Des paquets de cigarettes 22% plus chers

Diagramme 1 : Evolution de l'indice depuis 2011
Diagramme 1 : Evolution de l’indice depuis 2011

Avec le tabac, votre budget part en fumée puisque les paquets de cigarettes ont pris 22% en un an ! « En raison de la hausse des taux de l’octroi de mer ». Heureusement, cela ne concerne que 1% de notre budget.

Alors qu’ils avaient valsé en 2016 (+12%), les tarifs des assurances n’augmentent plus « que » de 3,3%, pas mal quand même, ce qui pousse en avant l’indice des Services, +0,3%, compensé par la baisse des tarifs de l’aérien, « en raison de l’arrivée de la liaison directe d’Air Austral et de la concurrence de Corsair ». Un poste qui pèse 10% du budget des ménages.

Les prix produits manufacturés eux, sont en forte baisse, -3,1%, une tendance qu’ils connaissent depuis 4 ans déjà. Sous le recul des prix de l’habillement, des chaussures et des meubles. « On l’explique notamment par l’arrivée d’enseignes comme Tati, effet que devrait aussi provoquer la marque Jennyfer », analyse Jamel Mekkaoui. Ce poste impacte pas mal notre budget, à hauteur de 30%. De là à dire que Tati a tiré l’indice général des prix vers le bas, il n’y a qu’un pas…

Arrivée de Tati en 2017
Arrivée de Tati en 2017

L’indice était très attendu, non seulement parce qu’il permet les révisions contractuelles comme le SMIG, « mais comme en métropole, les personnes y sont attentives pour réévaluer les pensions alimentaires ».

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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