Des vœux à la presse, c’était une première à Mayotte, et ce fut l’occasion de présenter la nouvelle équipe de communication, Marion Châteauneuf ayant quitté le territoire, et Ania Abdallah-Paune, ayant intégré la Protection civile, mais aussi les chargés de communication des services déconcentrés de l’Etat, que sont notamment, le vice-rectorat, la gendarmerie, la Police aux Frontières (PAF) la Jeunesse et les sports (DJSCS), l’Agriculture et la Forêt (DAAF) et l’équipement (DEAL).
« La communication est un métier à part entière, disait Edison, issue de 1% d’inspiration et de 99% de transpiration »… Si on lui prête beaucoup d’humour, Frédéric Veau a pour l’extérieur une double particularité : peu loquace, il s’exprime beaucoup beaucoup moins que ses prédécesseurs, tout en étant Marseillais d’origine ! « Je ne parle que quand j’ai quelque chose à dire, et sûrement pas pour avoir ma photo dans les journaux », lâche-t-il en préambule de l’évocation de trois sujets d’actualité.
L’eau, tout d’abord, et les averses qui nous tombent du ciel depuis un mois et demi. Mais avec quelle marge ? « La retenue collinaire de Combani est quasiment pleine à 105% grâce aux 30 centimètres de rehausse, et celle de Dzoumogné à 54%. La situation est celle du début de la saison sèche 2017, on peut donc être serein jusqu’en décembre 2018. Toute pluie supplémentaire sur Dzoumogné, c’est donc autant de gagné ». Contrairement à ce qu’a avancé le président du Syndicat des Eaux Mohamadi Bavi lors de ses vœux, le foncier de la 3ème retenue collinaire n’est pas sécurisé, les ententes avec les propriétaires pas finalisées, « la Déclaration d’utilité publique qui mène à l’expulsion est toujours d’actualité, répond le préfet, cela pourrait inciter les propriétaires à revoir leur prétentions à la baisse. »
Expulsions de certains relogés de Koungou
Les constructions illégales, sur lesquelles il s’est déjà exprimé lors de ses vœux aux personnalités, ensuite : « Nous allons organiser des opérations de lutte contre l’habitat clandestin en commençant par Mamoudzou. Des opérations complexes, car il faut respecter la procédure de mise à l’abri et de relogement d’urgence. Je ne veux pas qu’à l’irrégularité d’une situation nous répondions par une réaction approximative ».
En parlant de relogement, les sinistrés de la coulée de boue à Koungou en ont bénéficié en urgence, pour un laps de temps de 3 mois pour ceux qui détiennent des papiers, et 3 semaines pour les autres « avec un examen au cas par cas » des situations en cours avec des reconduites à la clef.
Frédéric Veau revenait sur « le plus vaste exercice de sécurité civile organisé depuis 5 ans ». « L’objectif n’est pas de jouer à la guerre ou à la catastrophe, mais de tester des points et de progresser ».
Les familles pour réguler les violences
Un exercice « fécond », dont le débriefing va se poursuivre. On sait déjà que les décideurs devront s’équiper de téléphones satellitaires, « c’est le dernier outil qui fonctionne, la communication ne passait plus entre le PC à l’aéroport et la préfecture ». D’autre part les organisations devront être dédoublées « pour assurer l’organisation entre Petite et Grande Terre en cas de traversées rendues impossibles ». Pas de d’évaluation de victimes ou de sinistrés, « car cela relève du postulat, c’est arbitraire la moitié de la population peut être touchée si l’on prend en compte les 20.000 habitats en tôles répertoriés par l’INSEE. L’important, c’est de mettre les habitants à l’abri ».
Venant à la demande des journalistes sur le terrain des violences qui ont touché les transports scolaires, le préfet informait des 4 interpellations de deux majeurs et deux mineurs, et rappelait que la préfecture était intervenue dans ce secteur de compétence du conseil départemental, « pour sortir de la crise ». « Mais nous avons besoin des parents d’élèves et des familles pour réguler les jeunes. En fin de semaine, les barrages de contestation consécutifs à l’absence de ramassage du 1er jour ne se sont pas reproduits, en raison de l’action des associations et des familles. La violence n’est pas une fatalité à Mayotte. »
Je conserve un « état d’esprit positif », appuie le préfet Frédéric Veau qui n’a pas évoqué de départ proche. S’il est toujours en poste en mai, il cassera la tendance de l’année et demie de longévité d’un préfet à Mayotte, et nous reviendrons sur les deux ans des préfets Kihl, Brot, Derache, Weil ou Boisadam.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com