Présidée par le directeur de cabinet du préfet Etienne Guillet, la rencontre réunissait notamment le procureur Camille Miansoni himself, le vice-président du CD Sidi Mohamed accompagné du directeur des transports Jacques Toto et le vice-rectorat.
Des petits aux plus gros des transporteurs, une urgence, « reprendre le ramassage scolaire interrompu depuis une semaine qu’a commencé le droit de retrait ». C’est un point non négligeable. Mais pas à quel prix, des caillassages pouvant reprendre à tout moment.
Des engagements de présence de gendarmes sur des lignes dites sensibles et à des horaires qui le sont tout autant, ont été actés, c’est l’objet de l’article 1 du projet de protocole d’accord fourni par FO transports et logistiques qui a trouvé un accord quasiment unanime. « Nous sommes d’accord à 100% », indiquera d’ailleurs Etienne Guillet pour la préfecture, avant que n’apparaisse la clause traditionnelle de fin de conflit, de paiement des jours non travaillés, ainsi que celle des prises en charge des kilométrages supplémentaires en cas de contournement des zones de caillassages. Sur lesquelles un désaccord persistait avec le conseil départemental.
Les autres articles portent sur la sécurisation des arrêts de bus par les polices municipales, par la police nationale et la gendarmerie, et sur la sécurisation des abords des routes nationales, départementales, et communales par l’entretien du réseau routier et des accotements.
Des contrats aidés qui aident peu
En matière de sécurisation à l’intérieur des transports, l’installation de médiateurs est demandée en urgence, avant même que ne soit publié le renouvellement du marché des transports scolaires par le Département dont c’est la compétence. Le directeur de cabinet du président Soibahadine nous avait indiqué étudier les possibilités, et un engagement était pris ce lundi, « celui de proposer dans les 4 semaines à venir, 50 Contrats à Durée Déterminés de 4 mois, ce qui devrait nous amener aux grandes vacances, pour ensuite déboucher sur le renouvellement du marché des transports scolaires », dans lequel devrait être prévu une clause de sécurité.
« On ne veut pas de PEPS ou de contrats aidés qui seront remplacés au bout de 6 mois par d’autres qui ne possèdent pas les informations péniblement emmagasinées. On veut des vrais éducateurs spécialisés, on a assez bricolés ! », lance Zalifa Assani, « Maman Vigilante » à Chiconi. Le problème de la périodicité des emplois aidés avait déjà interpellé l’assistance au CLSPD de Mamoudzou lorsque Sylvie Especier était sous-préfète à la cohésion sociale… en 2013.
Les points chauds
Des réunions régulières avec les maires sur les zones à risque sont demandées « afin de mettre en place une stratégie commune pour lutter contre l’implantation des jeunes aux abords des arrêts : Dzoumogné, K2, LP Kawéni, Lycée Bamana, lycée Kawéni nord, collège de Passamainty, lycée de Tsararano, collège de Dembéni, lycée de Kahani ». Et dans le même esprit, de nouvelles réunions avec les mêmes acteurs semblant nécessaires, un Conseil de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) est appelé de leurs vœux par les transporteurs scolaires.
Un 9ème article a été rajouté pour demander un contrôleur supplémentaire au hub de Kahani.
On comprend qu’un protocole qui n’engage aucun financement extravagant de la part de l’Etat, hormis la monopolisation des forces de ‘ordre, trouve preneur. Par contre, au conseil départemental, on a du mal à avaler la pilule de l’article 6.
Contournement des zones à risques
Les transporteurs y demandent tout d’abord de ne pas être pénalisés financièrement par ce droit de retrait. Mais aussi que « dans le cas où les conducteurs auront décidé de contourner un lieu de caillassages ou de violences pour acheminer les élèves, le département s’engage à payer les kilomètres qui seront effectués en plus. »
Le vice-président Sidi Mohamed ne l’entendait pas de cette oreille : « Nous sommes en procédure de marché, il y a un cahier des charges établi, on ne peut y déroger. » Mais Siaka Ali lui demandait : « Et dans le cahier des charges, vous aviez prévu les caillassages et les conséquence pour nous ?!… »
Un point de tension qui a bien failli ajourner la réunion, les transporteurs s’étant levés comme un seul homme en colère, puis revenus à leur place, demandaient, à l’instigation de Zalifa Assani, qu’en cas de caillassages, les élèves de la zone ne soient pas ramassés, quitte à ce que les parents d’élèves pointent les responsabilités des fauteurs de troubles et contactent leurs familles, « c’est comme ça que nous avons fait au collège de Chiconi, et nous y sommes arrivés ! ».
Les échanges ont duré plus de 4 heures, et se sont soldés par la signature d’un protocole d’accord qui permet la reprise du ramassage scolaire ce mardi.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com