Violences conjugales : des "faits horribles" et "une pression monstrueuse"

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Le substitut Rieu
Le substitut Rieu aurait aimé voir l’affaire jugée aux Assises

A la barre se trouve un homme, ni très grand ni très costaud, mais à la stature assurée et confiante. Le prévenu comparaissait devant une juridiction à juge unique, réservée aux infractions les plus simples, mais « le dossier a failli partir en information judiciaire pour viol » souligne le président. « Au départ on voulait l’entendre pour viol confirme le procureur Rieu, mais la victime a changé d’avis, le médecin n’a donc pas procédé à un examen gynécologique », regrette-t-il.
C’est donc une affaire qui n’est pas passée loin de la cour d’assises. Les faits remontent au 19 novembre. Deux personnes circulent en voiture à Tsingoni quand ils aperçoivent une femme courir toute nue, poursuivie par un individu. La voiture s’arrête, prend en charge la femme et l’emmène au dispensaire de Kahani. Là, cette dernière, enceinte de 7 mois explique à la sage-femme qu’elle subit jusqu’à trois rapports sexuels forcés chaque jour de la part de son époux, qu’il l’a frappée et qu’il était sur le point de la violer encore quand elle a pris la fuite. Elle raconte que ce soir là, il lui a arraché ses vêtements avant de la poursuivre dans la rue.
Le personnel soignant alerte alors la gendarmerie auprès de laquelle la dame réitère ses propos, vite confirmés par un médecin légiste. Ce dernier constate des traces de coup au visage et à l’épaule. Mais rapidement, la femme se rétracte et nie en bloc avoir subi quelque violence que ce soit. « C’est sous l’effet de la colère que j’ai raconté tout ça, mon Salouva s’est retiré tout seul et j’ai rajouté des éléments, il ne m’a jamais frappé » tente-t-elle de convaincre à la barre, après avoir confié le nouveau né à son papa sur le banc des prévenus.

« Vous êtes en train de mentir pour protéger votre mari »

« Le médecin n’a pas inventé les coups et blessures constatés, recadre le président Banizette, vous êtes en train de mentir pour protéger votre mari. Vous en avez le droit, mais ce n’est pas l’attitude la plus utile pour lui, car ça laisse penser que des pressions sont exercées sur vous. »
« Je ne l’ai jamais violentée ou violée », abonde le mari poursuivi. Mais sa version du consentement n’a guère convaincu non plus. « Quand j’ai envie, je demande parfois cinq heures d’affilée, mais je prends mon temps » admet-il. Quelques minutes plus tard, il reconnaît que ce soir là il était bien « énervé car j’avais demandé gentiment mais comme elle ne voulait pas, j’étais en colère ».
Ce n’est pas la première fois que ce natif de Tsingoni est poursuivi pour des faits de violence sur fond d’agression sexuelle. Lui et son épouse ont déjà été condamnés pour agression sexuelle et violence avec arme sur une de leurs filles âgée de moins de 15 ans. Faits pour lesquels il a écopé de 3 ans de prison ferme et d’un suivi socio-judiciaire de cinq ans qu’il n’a pas respecté.

« Monsieur est très dangereux, il est impératif qu’il retourne immédiatement à Majicavo », en a déduit le procureur Rieu qui a requis 8 mois ferme.
« Madame a décrit des faits horribles avec des éléments médicaux qui concordent, des pressions monstrueuses ont été exercées pour tenter d’enterrer cette histoire » a déploré le président Banizette. Face aux dénégations du couple, et visiblement agacé par les mensonges à répétition, il a prononcé une peine d’un an de prison ferme, avec mandat de dépôt. Une brève suspension d’audience a été accordée pour que le papa fasse ses au-revoir à sa femme et à leur petit dernier, avant de repartir menottes aux poignets au centre pénitentiaire.
Y.D.

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