On sait que l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin n’a pas l’habitude de faire dans la langue de bois, il le prouve dans les pistes qu’il livre pour organiser l’islam en France. L’objectif qu’il livre dans le journal Le Parisien, est de « combattre l’idéologie salafiste, terreau du terrorisme islamiste ». L’action du Conseil Français du culte musulman n’a pas été jugée probante jusqu’à présent. L’ancien ministre explique qu’elle est dominée « par les trois fédérations de mosquées des principaux pays d’origine de l’immigration, Algérie, Maroc, Turquie. »
Il s’agit prioritairement de « remédier à l’insuffisante formation des imams et de drainer les financements nécessaires à leur rémunération. » On l’a vu à Mayotte avec la formation indispensable des cadis aux valeurs de la République, ils avaient été quelque peu oubliés lors de l’évolution institutionnelle du territoire.
Et bien, c’est paradoxalement ce à quoi on assiste en métropole aussi, avec des imams et fundis qui ont investi le champ religieux et sociétal, sans être véritablement formés aux valeurs défendues par la France, et sans toujours connaître parfaitement leur religion. Rappelons qu’il n’existe pas de clergé en islam : « Il y a 2500 lieux de culte musulman en France et 700 imams rémunérés, dont 300 le sont par les Etats d’origine de l’immigration. Il serait bon que les futurs imams et aumôniers aient une formation en théologie comparée, en histoire, en philosophie et en droit qui leur permette de restituer le message de l’Islam dans toute sa diversité et sa profondeur historique. » Mais avec quels moyens ?
Le prêche du vendredi en français…
La loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat ne permet pas d’investir des fonds publics dans la formation religieuse, mais il est possible d’utiliser des voies parallèles : « Des pôles publics d’islamologie sont en train d’être mis en place dans 5 grandes villes universitaires. Nous avons accordé des bourses à 400 étudiants qui préparent des diplômes universitaires « Laïcité Société Religions ». Nous aidons aussi les imams à perfectionner leur français, car beaucoup ne le parlent pas suffisamment. Le prêche du vendredi doit se dire en français même si l’arabe est la langue du Coran. Au total, notre objectif est de favoriser l’émergence en France d’un Islam cultivé qui sera la meilleure réponse à l’idéologie fruste et brutale du salafisme. »
Une taxe sur le halal est à l’étude pour pouvoir « payer convenablement les imams et de les inciter à faire des études longues, comme cela est le cas pour les curés, les pasteurs, les rabbins qui sont formés à bac +5. »
Une fac pour les imams à Strasbourg
Mais ce n’est pas suffisant, et Jean-Pierre Chevènement envisage une légère entorse à la loi de 1905, pour aboutir à une religion structurée, comme les autres qui ont bénéficié avant cette date d’un « coup de pouce de l’Etat ». Et pour la contourner, une seule région possible, l’Alsace et Moselle, régis par le Concordat, où la loi de 1905 ne s’applique pas, « ne serait-il pas possible de créer une faculté de théologie musulmane à Strasbourg ? », interroge-t-il. Elle pourrait fonctionner avec de l’argent public, comme « il y a une faculté de théologie catholique, une autre protestante. »
Trouver le juste milieu entre une « radicalisation de la laïcité » dénoncée par le président Macron et le fait que « les religions doivent observer une certaine retenue dans l’espace public de débat où les citoyens doivent s’exprimer de manière argumentée », c’est aussi l’objectif de la démarche.
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com