L’exemple médiatisé de sécurisation des transports scolaires à partir du collège de Koungou ce vendredi fut l’occasion pour le colonel Leclercq, Commandant de la gendarmerie de Mayotte, de faire des annonces : « Actuellement j’ai 234 militaires permanents auxquels il faut ajouter 156 mobiles. Mais dès l’été 2018, nous allons recevoir davantage d’effectifs en raison de critères d’éligibilité de Mayotte sur les affectations domiennes ».
La mise en place d’une Brigade de prévention de la délinquance juvénile dont il avait repris l’idée du « Plan Mayotte sécurité pour tous », a été appuyée par le sénateur Thani Mohamed Soilihi qui a rencontré le général d’armée Richard Lizurey, Directeur Général de la Gendarmerie Nationale la semaine dernière. « Ce sont des militaires qualifiés pour agir contre les mineurs délinquants. Ils travailleront en partenariat avec le Vice-rectorat, la Prévention Judicaire de la Jeunesse, Le Centre hospitalier et le parquet. Elle devrait être opérationnelle le 1er aout 2018 », indique le colonel.
Elle serait implantée en zone police, à Mamoudzou, « pour être au plus prés des partenaires, et notamment la salle Mélanie », salle du CHM prévue pour l’écoute unique car enregistrée, des jeunes victimes d’agression sexuelles.
Koungou reste en zone gendarmerie
La gendarmerie en zone police, ce n’est pas une première puisque la brigade est implantée à Mamoudzou, car centralisée par rapport aux deux zones majeures d’action que sont les communes de Dembéni au sud, et de Koungou au nord. La décentralisation dans ces deux communes est régulièrement annoncée, « mais la difficulté de débloquer du foncier bloque ce projet. Pourtant, Dembéni connaît le plus fort taux de croissance de la population ».
Celle qui devrait être en zone police au moins depuis 2012, eu égard à sa croissance démographique, c’est Koungou, avec ses 32.000 habitants. Au delà de 20.000 habitants, c’est en effet à elle d’assurer la sécurité publique. « Le nombre d’habitants n’est pas le seul critère, tranche abruptement le colonel Leclercq, il n’y a pas d’ambition de basculer vers une autre organisation. »
Échelon supérieur de commandement
Outre l’introduction d’une brigade de prévention de la délinquance juvénile, le « Plan Mayotte sécurité pour tous » avait préconisé la mise en place d’une brigade départementale de renseignement et d’investigation judiciaire, et d’un centre opérationnel, « qui devrait prendre place dans le cadre de création d’une nouvelle Compagnie départementale. De plus, les chiffres du dernier recensement indiquent clairement que le ratio du nombre d’habitants par le nombre de gendarmes est défavorable. Il faut passer à un échelon supérieur de commandement avec une Brigade territoriale », avance-t-il.
La multiplication de pandores peut s’avérer utile, jusqu’à un certain point. Revenant à l’invitation des médias sur les violences qui entourent le lycée de Kahani, dont les cours ne reprennent toujours pas ce lundi, Philippe Leclercq rappelait qu’ « on pourra déployer autant de gendarmes que l’on voudra, on ne mettra jamais un terme aux bagarres de cette jeunesse. Par contre, on peut minimiser les risques en évitant les grands hubs de transport scolaire où beaucoup d’enfants sont amenés à être en contact sur un lieu précis. »
En tout cas, la gendarmerie aura été réactive sur la mise en place d’un dispositif d’embarquement à bord des véhicules de transports scoalires, « il ne faut pas attendre une issue plus grave pour réagir ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com