Pas de révélation sensationnelle comme lors de la première enquête où l’on avait appris qu’en 2013, les entreprises mahoraise faisaient deux fois plus de marges qu’en métropole, et qu’après investissement, le profit n’était pas négligeable pour une partie d’entre elles.
Cette enquête sur les entreprises aurait pu être publiée en novembre dernier, « mais nous ne voulions pas brouiller la publication du recensement », indique Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne locale de l’INSEE. Elle porte sur les entreprises dont le siège social est à Mayotte, et sur des données 2015, « nous ne récupérons les liasses fiscales qu’à la fin de l’année suivante, donc fin 2016 », commente Sylvain Daubrée, Responsable de projet à l’INSEE.
2015 pour 2018… Un décalage dans le temps qui n’a pas une aussi grande importance selon Jamel Mekkaoui, « ce sont des données structurelles, l’économie mahoraise bouge peu sur ces aspects ». Mais qui ne permet malgré tout pas d’affiner les données nécessaires aux deux grandes utilisations de cette enquête, que précise Sylvain Daubrée : « Construire les comptes économiques régionaux, un prérequis pour les fonds européens qui demandent un bon PIB par habitant, et une meilleure connaissance de la structure de l’économie mahoraise pour affiner les politiques publiques. » L’enquête sera annuelle dorénavant.
Toujours le commerce en tête
Seul le secteur marchand est intégré à l’enquête, sans les secteurs agricoles et bancaires.
En 2015, 2.360 entreprises connues des services fiscaux exercent à Mayotte, dégageant une valeur ajoutée, c’est à dire une richesse, de 525 millions d’euros, soit 17% de plus qu’en 2013. Le commerce génère le tiers de ce montant, puis vient le secteur industriel, tel que le captage et le traitement des eaux, l’extraction de la pierre, les industries agroalimentaire, le traitement des déchets, et en 3ème position, la construction.
Pour produire cette richesse, les entreprises emploient 11.410 salariés en équivalent temps plein. Quatre entreprises sur dix n’emploient personne. Mais elles sont plus de 50 % à faire travailler entre 1 et 9 personnes, 10 % à en employer entre 10 et 249 et seules 3 entreprises emploient entre 250 et 499 salariés. Il n’y a pas d’entreprise employant 500 salariés ou plus.
Les plus petites trinquent
Une fois les frais de personnels réglés, il reste encore à l’entreprise 40 % de sa valeur ajoutée, notamment utilisée pour acquitter ses impôts, et financer l’investissement, qui s’élève en 2015 à 106 millions d’euros. Il est porté pour plus de la moitié par les secteurs de l’immobilier et des transports. Pour les entreprises de commerce, le taux de marge commerciale s’élève à 26 %.
Difficile d’établir une comparaison avec les chiffres 2013, l’industrie y apparaissant peu développée à l’époque, on peut juste souligner un chiffre : « pour les 1.090 entreprises présentes à la fois en 2013 et en 2015, la valeur ajoutée augmente de 6% ».
Mais avec des disparités : « Il y a autant d’entreprises qui voient leur valeur ajoutée augmenter que d’entreprises qui la voient baisser. Pour 25 % d’entre elles, cette baisse dépasse les 40 %. » Et ce sont les plus petites qui trinquent puisque en deux ans, prés des trois quarts des entreprises sans salarié connaissent une baisse parfois très forte de leur valeur ajoutée. A contrario, 25% des entreprises de plus de 10 salariés voient leur chiffre d’affaire s’accroitre de 40%.
La morale de la fable nous est donné par Jamel Mekkaoui : « Lorsque l’économie se développe, quand on n’est pas structuré, on a du mal à s’en sortir ».
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com