A la réception des chiffres de la préfecture sur les chiffres nationaux de la délinquance, on pouvait se demander s’il s’agissait du même territoire que ceux que fournissait le service statistique (Interstat) du ministère de l’Intérieur et que nous avons retranscrits. A ceci deux explications, les premiers, ceux de la préfecture, mettaient en valeur une évolution sur l’année précédente, et sans livrer toutes les données, quand ceux du ministère comparaient les DOM à la métropole. Et aux autres Outre-mer que Mayotte est en train de rattraper sur le chemin de la délinquance.
Ce qui donne une perspective somme toute pas trop négative dans le premier cas, quand le second plombe le moral.
« Les territoires ultramarins sont toujours plus exposés à la délinquance violente que la métropole », titrait Interstats OM du ministère, en détaillant, « dans les Antilles, à la Guyane et à Mayotte, le nombre de vols violents pour 1.000 habitants est nettement supérieur à ce qu’on observe en métropole. On en dénombre 7,7 en 2017 en Guyane qui est le département le plus concerné, suivi de Mayotte (3,3), de la Guadeloupe (3,3) et de la Martinique (2,1). Et si l’étude précise que depuis 2 ans ce chiffre est en diminution, elle est la plus faible à Mayotte, -12%, si l’on compare aux -27% de la Guadeloupe.
Pire, hors de la sphère familiale, le nombre de victimes de violences a augmenté, ces deux dernières années, à la Réunion, et surtout à Mayotte, +27 %. La préfecture de Mayotte livre les chiffres des atteintes à l’intégrité physique (AVIP), qui « baissent de moins 9,3 % par rapport à 2016. »
Lorsque nous nous sommes étonnés de ne pas retrouver ces tendances dans les chiffres préfectoraux, il nous a été répondu que « tous les chiffres n’avaient pas été repris ».
Risque de sous-estimation des victimes
Les cambriolages sont « nombreux en Guyane, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie », selon Interstats, qui rajoute qu’ils ont diminué « entre 2015 et 2017, de 32 % à Mayotte ». Les chiffres préfectoraux sont cohérents en comparant sur un an seulement, pour aboutir à une baisse de 18,4%.
En résumé, pour la préfecture la délinquance générale, après une augmentation de 2,27 % en 2016, l’année 2017 est marquée par une baisse de 9 %, soit 808 faits en moins sur 8989 faits constatés au total. Nuancé aussitôt par le préfet : « Les chiffres indiqués reflètent uniquement les faits ayant été rapportés aux forces de l’ordre. Le Préfet encourage de nouveau l’ensemble de la population à déposer plainte auprès de la gendarmerie et de la police nationale et d’apporter leur éventuel témoignage à ces mêmes autorités afin d’avoir une vision plus complète de la situation de la délinquance sur l’île. »
Face au risque de sous-estimation du nombre des victimes, le service du ministère de l’Intérieur invite à se rapporter aux enquêtes de victimation de l’INSEE dans les DOM, qui n’ont pas encore été diligentées à Mayotte.
18% de gardes à vue en plus
Les services de police et de gendarmerie obtiennent cette année encore des résultats « encourageants en matière d’élucidation ». Le taux d’élucidation pour les atteintes à l’intégrité physique des personnes est de 59 %, celui pour les atteintes aux biens est moins bon, de 19 %. « Ces deux taux sont en augmentation par rapport à 2016. »
Le nombre de personnes mises en cause suit cette tendance haussière grâce à la forte mobilisation des forces de sécurité intérieure dans la lutte contre la délinquance : 1.816 personnes ont été placées en gardes à vue, soit + 18,3 % par rapport à 2016, et 1.505 mineurs ont été mis en cause (sans néanmoins qu’ils aient été placés en garde à vue), soit + 31,9 % par rapport à l’année 2016 ;
Quant à la sécurité routière, le nombre de personnes tuées sur les routes à Mayotte est resté stable par rapport à 2016, avec 8 victimes. « Cependant, on observe une forte augmentation du nombre d’accidents corporels : 135 personnes blessées en plus par rapport à l’année 2016, indique la préfecture, afin d’endiguer cette tendance, les forces de l’ordre resteront mobilisées sur des opérations de contrôle ciblées principalement sur les vitesses élevées et les conduites à risques », indique la préfecture.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com