L’homme à la barre aura tenté de faire de son procès une farce, jusqu’à ce que le président Ballu lui en rappelle l’enjeu. « Vous risquez jusqu’à 14 ans de prison ! ».
Deux faits étaient reprochés à ce jeune majeur de Chirongui. Le premier est un cambriolage au garage du Lagon. Le 18 juin dernier, un témoin l’avait vu dans la rue avec une caisse à outils Facom fraîchement dérobée au préjudice du garage automobile. « C’était déjà ouvert, j’ai vu une caisse à outils, je l’ai prise et je suis sorti ».
Un air de « y’avait de la lumière alors je suis entré » qui n’a guère convaincu les magistrats. Le prévenu a alors tenté de déporter sa responsabilité en tentant le « je voulais rendre service ». « Un cousin m’avait demandé une caisse à outils » justifie-t-il à la barre.
« Ce cousin est donc complice, quel est son nom ? » Interroge le président Ballu.
« Belmondo » lui répond sans complexe le prévenu. Une manière de « faire du cinéma » selon le magistrat qui le soupçonne de le « prendre pour un imbécile ».
Colère aussi de la juge des enfants, assesseur dans cette audience collégiale, qui constate que les nombreux avertissements qui lui ont été adressés en tant que mineur n’ont guère porté de fruits. Stupéfiants, vol avec effraction, vol aggravé. L’homme cumule plus de 40 mois de prison non effectués.
A la barre, il affirme avoir « arrêté » ces bêtises, mais une autre infraction lui est reprochée : celle d’avoir volé une télé et de l’argent liquide chez un voisin du village. C’était fin décembre. « C’est la sixième fois qu’il entre chez nous et nous vole » se plaint l’habitant qui ne réclame rien d’autre que le remboursement de sa télé et de ses économies.
Là encore, la défense du prévenu le dessert d’entrée de jeu. « Je ne voulais pas les voler, je voulais aller chez une grand-mère pour y voler des mabawas ». De plus il nie avoir volé la télé. « J’ai vu un Anjouanais que je connais partir avec. » Il ne le connaissait pas assez pour donner un nom. Tant mieux pour « Bébel ».
Outre un argumentaire douteux, le mobile de ces vols à petit profit laisse les juges perplexes, surtout de la part d’un jeune homme qui travaille. « Monsieur est connu dans le village comme un voleur d’habitude, accuse le procureur Rieu. Tout le reste a déjà été essayé, il y a un nombre impressionnant de condamnations pour des mêmes faits. Quelle autre solution que la prison ? Les sursis qui pèsent sur lui ne l’ont pas dissuadé. »
Il requiert un total de 13 mois de détention ferme pour les deux vols. Le tribunal a opté pour une peine de 10 mois . »Le tribunal n’a pas à vous donner de dernière chance, vous en avez déjà eu plusieurs » a conclu le président Ballu.
Y.D.