Un prêt AFD qui permet de mesurer le redressement d’Acoua

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La signature du prêt avec le maire d'Acoua
Ahmed Darouechi et Soula Saïd Souffou Acoua expliquaient avoir trouvé une commune dans un état "délabré"
Ahmed Darouechi et Soula Saïd Souffou Acoua expliquaient avoir trouvé une commune dans un état « délabré »

Les compétences évoquées par le maire, elles sont notamment incarnées autour de la table par son Directeur général des Services, Soula Saïd Souffou, un Sadois recruté donc à Acoua, qui fut Directeur des affaires européennes au conseil départemental. Le défi, le maire peu volubile va lui laisser le soin de le détailler : « Quand je suis arrivé à Acoua, je me suis dit ‘qu’est ce que je fais là!’, tellement elle était sinistrée! Nous sommes passés d’une longue période de déficit, qui a abouti à une situation dégradée de la commune, les équipements sportifs, la bibliothèque ne fonctionne plus, et après on vient dire aux jeunes qu’ils sont délinquants, mais les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité ».

A l’AFD on boit du petit lait en écoutant ce discours, qui s’est traduit concrètement dans les faits, « nous avons réorganisé nos services et renforcé nos capacité institutionnelles, et mis en place un conseil de citoyens. Les conseils communaux se tiennent désormais à dates fixes, et les grandes orientations retenues ont toutes été approuvées à l’unanimité par les élus, nous avons une opposition constructive avec laquelle nous débattons des sujets en amont ».

Un redressement qui permet d’obtenir donc un premier prêt avec l’AFD, pas encore des sommes folles, 700.000 euros sur 20 ans au taux préférentiel de 0,75%, mais en accroissant la part d’autofinancement de la commune, elles vont permettre un effet de levier pour les investissements en cours.

« A Mayotte, il y a de l’argent »

"A Mayotte, il faut savoir dépenser l'argent", expliquait Yves Rajat
« A Mayotte, il faut savoir dépenser l’argent », expliquait Yves Rajat

Ils se nomment Aménagement du front de mer abimé par le cyclone Hellen en 2014, « un investissement que nous avions budgétisé à hauteur de 10 millions d’euros, mais que les services du SGAR de la préfecture ont revu à la baisse tout en nous proposant de bénéficier du fonds européen FEADER », mais aussi des logements pour les personnes sinistrées, un Centre culturel, une bibliothèque municipale, les rénovations de la MJC et des écoles, la construction d’un groupe scolaire, une crèche municipale, un plateau sportif, etc.

La construction du marché couvert fait l’objet du 2ème prêt, « un préfinancement de 417.000 euros sur 36 mois, pour accéder au fonds FEADER, ce sera le 4ème marché couvert de Mayotte », indique Yves Rajat, le directeur de l’AFD Mayotte, arrivé depuis septembre. Il a déjà la réputation d’être déterminé à accompagner les communes, « en réalité, à Mayotte, il y a de l’argent, il faut seulement être en capacité de le mobiliser et d’en assurer le portage ».

Il convient que l’accompagnement des communes en préfinancement pour les fonds européens a été « insuffisant », jusqu’à présent. Or, le risque est minime pour l’AFD, explique-t-il : « Nous adossons notre convention de financement à la subvention européenne ou Etat qui nous permet de nous rembourser ensuite. » Car l’Agence préfinance aussi maintenant les subventions de l’Etat.

Accompagnement des communes

Acoua recevait son prix ce 1er février
Acoua recevait le prix « Ville active et sportive » à Paris cette année

Pour améliorer le portage de projets, l’AFD a mis en place un accompagnement à l’évaluation des Plans pluriannuels d’Investissement et à la visibilité financière prospective pour les communes, en mobilisant des intervenants externes, « cela ne leur coûte rien. » Acoua est une des premières à en bénéficier, « cela va aider notre responsable financier à atteindre l’objectif de certification des comptes que nous lui avons fixé », approuve Soula Saïd Souffou.

Les appels d’offre pour le marché couvert d’Acoua ont déjà été lancés, il devrait ouvrir dans 6 mois environ, « et sera doté d’une chambre froide pour la vente de poisson frais », glisse Ahmed Darouechi.

La commune monte aussi une couveuse pour la coopérative de GVA, le Groupement de Vulgarisation agricole qui porte le marché paysan tous les 2èmes dimanche du mois.

Acoua se tourne aussi vers l’extérieur, « nous lançons une coopération régionale avec la région de SAVA à Madagascar ».

Après les paraphes, on ne trinque pas à Acoua, le DGS demande à s’isoler avec Florent Chabrier, Chargé d’études du secteur public à l’AFD, « j’ai encore des projets à lui soumettre », lance Soula Saïd Souffou sous le regard amusé d’Ahmed Darouechi.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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