Les juristes se mobilisent pour une justice plus proche des "plus défavorisés"

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Près de la moitié des magistrats du tribunal, rejoints par des avocats et greffiers.
Près de la moitié des magistrats du tribunal, rejoints par des avocats et greffiers.
Près de la moitié des magistrats du tribunal, rejoints par des avocats et greffiers.

Près de la moitié des 20 magistrats du tribunal de Mamoudzou étaient rassemblés ce jeudi midi à l’entrée du palais de justice dans le cadre d’un appel national à la mobilisation. Les juges, soutenus par une partie des avocats ont dénoncé un « dialogue à marche forcée » avec le gouvernement et disent se battre pour « une justice de qualité ». « Les propositions ne tiennent aucun compte de la réalité de la justice en France, dénoncent-ils dans un tract de l’intersyndicale. Une justice qu’ils disent « en piteux état ». Avec à peine 1,8% du budget de l’Etat, la justice française se sent laissée pour compte. Ce budget la place « au 23e rang sur les 28 pays de l’Union Européenne ». En outre, le manque d’effectifs entraîne « une justice submergée, donc lente ».

Si le mouvement n’est « pas local » selon les participants à cette journée de mobilisation, la situation de la justice à Mayotte interpelle particulièrement les acteurs du monde judiciaire.

« Ici, on se bat surtout pour le greffe, explique le juge Ballu. En magistrats on a eu des renforts, on n’est pas à plaindre. » Il est rejoint sur ce point par Benjamin Banizette, secrétaire pour Mayotte du Syndicat de la Magistrature. « Quand on dit qu’il y a 1800 postes vacances dans la justice, ce sont surtout des personnes administratifs et du greffe. A Mamoudzou, on a 22 postes de greffiers, dont 6 absents. Il y a des arrêts maladie, mais aussi des mutations non remplacées détaille-t-il. Il faut toujours que les greffiers se remplacent les uns les autres », poursuit le syndicaliste ajoutant que ces remplacements se font au pied levés sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas forcément. « La population mahoraise reproche à la justice d’être lente, le manque de personnel au greffe participe à cela. »
En effet, le greffier c’est un peu le pilier du tribunal. Discret mais indispensable. Il est garant des procédures, gère les convocations, reçoit les courriers, prend des notes en audience et rédige les jugements. « C’est compliqué car on ne peut pas faire appliquer une décision qui n’est pas rédigée reprend Benjamin Banizette. A quoi ça sert de prononcer des peines si on ne peut pas les faire appliquer ? »

Difficultés d’accès au droit, voire au tribunal

Neuf organisations syndicales ont signé ce tract
Neuf organisations syndicales ont signé ce tract

D’autres problèmes récurrents sont aussi pointés par les robes noires. Accès des sans-papiers rendu difficile par l’absence de pièce d’identité, personnes sans convocation refoulées à l’entrée du tribunal « alors que c’est un lieu public et que les audiences sont publiques » rappelle le bâtonnier.
Enfin, la réforme prévoit la généralisation des procédures dématérialisées, à commencer par le dépôt de plainte. « Comment on va gérer ça à Mayotte où tant de gens n’ont pas Internet ou ne savent pas lire ? » s’interrogent les magistrats.
Toutefois pas question de paraître dans la contestation stérile. « On n’est pas opposés par principe aux réformes, conclut le responsable local du Syndicat de la Magistrature. Il y a des choses intéressantes. Mais dans l’ensemble cette réforme va éloigner la justice des gens les plus démunis » craint-il.
Au niveau local, l’avenir des audiences du tribunal d’instance à Sada fait partie des inquiétudes des professionnels. « Tout le monde n’a pas les moyens de payer le taxi jusque Mamoudzou » illustrent-ils.
Y.D.

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