La dernière action sécuritaire en date concerne Kawéni. Et pour cause, les scènes de caillassage du week-end dernier ont marqué les esprits, avec une présence continue des policiers dans la nuit de samedi à dimanche et jusqu’à la fin de ce week-end agité du quartier de Mamoudzou. La préfecture a mis en place un dispositif avec un renfort ponctuel de la gendarmerie dans cette zone police, sur ces trois dernières soirées de 16h à 22h, avec « huit équipages de gendarmes mobiles et de policiers nationaux déployés ». Le calme a l’air d’être revenu, mais l’opération pourra être prolongée si nécessaire, nous informe-t-on.
Sur l’ensemble du territoire, il était important de connaître les forces déployées (Lire Chiffres de l’engagement de l’Etat violences scolaires). En ce qui concerne le vice-rectorat les Equipes Mobiles de sécurité (EMS) sont passées de 15 agents à la rentrée 2015 à 30 à la rentrée 2017. « Ce renforcement devrait se poursuivre en 2018 », indique la préfecture. Les moyens financiers alloués à la sécurisation des établissements scolaires ont été de 1,7 millions d’euros en 2017, « soit un quasi-doublement en deux ans ».
Aux abords des établissements scolaires, depuis la rentrée, les policiers ont assuré une présence quotidienne devant les lycées Bamana, du Nord, Pro de Kaweni, de Passamainty et le collège de Doujani ». Une mobilisation en hausse de 40%.
4.700 élèves sensibilisés
Outre cette présence quotidienne aux abords, la Police nationale intervient régulièrement dans les établissements scolaires dans le cadre d’actions de prévention depuis le début de l’année scolaire 2017 : plus de 4.700 élèves ont été sensibilisés dans l’ensemble des établissements de Mamoudzou, 5 contrôles généralisés ont été effectués à l’entrée des établissements sur réquisition du procureur de la République afin de contrôler le contenu des sacs et cartables des écoliers. Enfin 13 opérations de contrôle avec la société Matis ont eu lieu suite à la mise en application du plan de sécurité transports scolaires. Là encore ces contrôles sont appelés à se développer dans le cadre du plan de sécurité dans les transports scolaires.
Les gendarmes de leur côté se sont concentrés sur les établissements de Kahani,
Tsararano, Dembéni, M’Tsamboro et Dzoumogné. Une mobilisation renforcée puisqu’elle est en hausse de 100 % par rapport à l’année 2016. Un référent gendarmerie a été mis à disposition dans chaque établissement du secondaire, et des opérations de contrôle dans les bus sur réquisition du procureur de la république en lien avec les transporteurs scolaires ont été doublées de l’expérimentation de déploiement des gendarmes mobiles à l’intérieur des bus scolaires. Enfin, 19 réunions de sensibilisation des jeunes ont été effectuées par les gendarmes en 2017, soit 15 de plus qu’en 2016.
Travaux d’intérêt général dans les bus
Malgré ces déploiements de force, des actes de violences sans nom ont pu se perpétrer à l’intérieur du lycée de Kahani et au collège de Tsararano, et les caillassages de bus ont continué.
Le protocole d’accord signé en janvier avec les transporteurs scolaires contenait plusieurs engagements. Du côté de la préfecture, ils sont tenus, affirme-t-on. La liste est longue, mais on retiendra en plus de l’immersion des gendarmes mobiles dans les véhicules, le renforcement des dispositifs de sécurité aux abords des établissements scolaires en particulier les plus sensibles et prés des abris bus, le renforcement des contrôles partenariaux entre les contrôleurs des sociétés de transport et les forces de sécurité intérieure, ainsi que les échanges d’informations liées à la sécurité entre l’éducation nationale, les forces de sécurité intérieur et les sociétés de transports scolaires.
Ces sociétés seront épaulées dans leurs démarches administratives et financières en cas de caillassage. Un numéro de téléphone d’urgence a été mis à disposition pour les chauffeurs de bus vers la police et la gendarmerie en cas d’agression ou de caillassage, et il faut noter l’accompagnement des différentes sociétés dans la mise en place de travaux d’intérêt général pour les jeunes condamnés pour violences scolaires.
Les transporteurs n’ont toujours pas repris le ramassage scolaire en raison d’une attente de la mise à disposition du conseil départemental de 50 médiateurs et de la mise en place d’itinéraire de contournement des zones de caillassage.
Ces forces de sécurité seront renforcés dans quelques mois a annoncé la gendarmerie, mais elle restera inefficace s’il n’y a pas coopération. On ne pourra mettre un gendarme dans chaque bus… Outre les parents, les communes ont leur rôle à jouer, or si certaines sont réactives en terme de police municipale ou de médiateurs comme Chirongui ou Mamoudzou, toutes ne jouent pas le jeu. De plus, si les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance qui réunissent tous les acteurs, se tiennent régulièrement, ce n’est pas le cas du Conseil départemental de sécurité et de prévention de la délinquance qui n’a pas été activé depuis longtemps.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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