Mansour Kamardine exposait dans sa question écrite le contexte mahorais : « Depuis une dizaine d’années, cette insécurité a explosé, devenant de plus en plus violente. Elle a atteint des proportions jamais atteintes pour des raisons qui sont parfaitement identifiées : le manque d’efficacité de la lutte contre l’immigration clandestine de masse et l’insuffisance des moyens de lutte contre l’insécurité des services de l’État », en « ressources humaines, moyens matériels, outils juridiques et administratifs, ainsi que les instruments éducatifs et sociaux de prévention. »
Il résume en deux mots l’action de l’Etat, « l’indigence » des politiques régaliennes de l’État vis-à-vis de l’augmentation des vols avec violences et séquestrations, et pourrait-on rajouter, sur les moyens de lutte contre l’immigration clandestine, en témoignent les navires aux boudins dégonflés, et « impunité », dont jouit « la grande majorité des délinquants ». Et c’est un avocat qui parle ! La transposition de la loi et en particulier, de l’ordonnance de 45 sur les mineurs, est sans aucun doute visée.
Mansour Kamardine y faisait 4 demandes : la création d’une Zone de sécurité prioritaire (ZSP), une nouvelle organisation des forces de l’ordre, l’augmentation des moyens humains et matériels, et de nouvelles mesures réglementaires et législatives.
Créées en juillet 2012, les zones de sécurité prioritaires ont pour but d’assurer une sécurité de proximité dans les quartiers les plus sensibles. Ce projet vise à apporter aux populations des solutions durables face à leur besoin de sécurité, et passe par la collaboration active de tous les partenaires locaux de la police nationale : justice, éducation nationale, municipalités, bailleurs, transporteurs, associations…
On reparle de collaboration entre services
La réponse du ministre vient de tomber au Journal Officiel du 20 février 2018. Il rappelle l’augmentation entre 2012 et 2017 de 25% des effectifs de gendarmerie, qui porte à 221 le nombre de militaires, épaulés par des escadrons de gendarmes mobiles, un peloton vient d’ailleurs d’arriver à Mayotte ce lundi (environ 20 gendarmes). Mais ce qui a été fait est apparemment insuffisant si on en croit la poursuite des actes de délinquance, « le rapport gendarmes/population est devenu insuffisant à la lecture du nouveau recensement », avait d’ailleurs indiqué le colonel Leclercq, commandant de la gendarmerie de Mayotte, il y a un mois. Il a d’ailleurs annoncé une refonte de l’organisation de la gendarmerie, avec un afflux d’effectifs, sans doute faut-il y voir une réponse à la demande du député Kamardine.
On se souvient aussi de l’annonce de la mise en place d’une Brigade de prévention de la délinquance juvénile, à la suite de la démarche du sénateur Thani Mohamed Soilihi auprès du général d’armée Richard Lizurey, Directeur Général de la Gendarmerie Nationale.
Gérard Collomb annonce deux nouvelles mesures : « Le réseau d’infrastructure national partageable des transmissions (INPT) sera installé au cours du premier semestre 2018, ce qui favorisera l’interopérabilité entre les différents services de l’État », et « le gouvernement étudie la mise en place d’une zone de sécurité prioritaire à Mayotte. »
Le ministre rajoute que le Plan Sécurité pour tous de juin 2016 « fait l’objet d’un suivi et d’une évaluation régulière, en lien étroit avec les élus », « la détermination du ministère de l’intérieur à tenir les engagements gouvernementaux est totale. »
Espérons que le temps de la réflexion ne soit pas proportionnel à celle de la réponse, les Mahorais demandent une réponse rapide.
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com