Pari réussi. Le mouvement intersyndical avait bénéficié il y a une semaine de l’appui du Collectif des associations avant de perdre en intensité. Les débordements de vendredi, où trois manifestants ont été placés en garde à vue pour des violences, aurait pu y mettre un coup d’arrêt.
Au lieu de cela, le Collectif et les syndicats ont réussi le défi de professionnaliser leur mouvement, et ce lundi matin, presque aucun magasin, à l’exception des chaînes de grande distribution, n’était ouvert. La réponse à l’invitation passée la veille par voie de tract à baisser le rideau en solidarité avec le mouvement.
Difficile toutefois de savoir quels magasins ont fermé par conviction, ou suite aux menaces à l’encontre d’une commerçante relayées par nos confrères de Mayotte 1ère . Un des débordements, avec le blocage à l’aube du rond-point Doujani, que les organisateurs déplorent. « Une manif de cette ampleur, on ne peut pas la contrôler à 100% regrette Safina Soula. Nous, leaders, on fait ce qu’on peut. L’arrivée de l’escadron de gendarmes mobiles les avait excités. Nous, nous luttons pour la paix et la sécurité à Mayotte, mais le mouvement arrive à un point où les esprits s’échauffent. Il faut que les élus comprennent qu’on est dans une zone de droit, et que le préfet ne se trompe pas d’ennemi. Vendredi, la confrontation avec les policiers a semé le trouble. Ces événements-là doivent être écartés. Les menaces ne sont pas du tout des consignes que nous donnons. Toutefois, chacun doit faire un effort de son côté. »
Direction le tribunal
Dans la matinée donc, les manifestants ont bloqué le rond-point de la barge (place Passot) et l’accès à la barge. Les gendarmes mobiles et la police ont sécurisé l’accès à l’amphidrome qui circulait.
Vers 10 heures, un imposant cortège s’est mis en branle en direction du rond-point SFR avant d’être stoppés par les gendarmes mobiles au niveau de l’amphidrome. Quelques minutes d’échange entre le commissaire Jos et les responsables et élus, et les militaires ont reculé sous les acclamations de la foule.
Le cortège s’est remis en route le long de la mangrove avec l’assurance donnée aux policiers de ne pas bloquer le rond-point SFR. Ils devaient alors alors jusqu’au rond-point Méga.
Arrivés là, les manifestants ont poursuivi jusqu’au rond-point Zone Nel où le service d’ordre de la manifestation a fait stopper le cortège, malgré des échanges houleux. La manifestation a finalement repris sa route vers 11h45 en direction du tribunal où les manifestants stationnaient à 11h55. Une valeur de symbole, « on en a marre que les délinquants soient remis dans la nature! », criaient certains qui voulaient pénétrer dans l’enceinte. Face à la fermeté de leur cordon de sécurité, ils
repartaient ensuite vers le centre-ville.
Y.D.