Insécurité : les propositions de Chamassi aux élus

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Chaharoumani Chamassi et les jeunes de l'Ecole du civisme Frédéric D'Achery en 2017
Une paix fragile, mais toujours bonne à tenter
Chamassi lors d’une opération de nettoyage de Convalescence

Celui qui reste le capitaine de Police Chamassi, était autrefois en première ligne lorsqu’il s’agissait de gérer les mouvements sociaux, ou de canaliser la délinquance. C’était l’époque du Commissariat de police, qu’il a quitté pour intégrer la préfecture de Mayotte comme chargé de mission auprès du préfet. Il a entretemps créé l’Ecole du civisme Frédéric d’Achery, qui évite à une quinzaine de jeunes une déscolarisation qui les menaçait. C’est en cette qualité qu’il s’exprime.

Sa proposition de solutions à la crise sécuritaire que connaît Mayotte est donc intéressante à plus d’un titre, notamment parce que plusieurs des solutions qu’il préconise depuis des années, sont mises au goût du jour. Le positionnement d’un poste de gendarmerie à Mtsamboro en est un exemple.

Alors que les élus et les manifestants doivent se mettre d’accord sur un texte de propositions à adresser au gouvernement, sa lettre ouverte aux élus a le mérite de balayer large dans la recherche de solutions, aussi bien en moyens sécuritaires qu’en recours au sein de la société mahoraise. Un texte qu’il faut lire dans son intégralité :Les proposition de CHAMASSI aux élus

Le « b.a.,ba » du droit commun à expliquer

Une justice à décrypter
Une justice à décrypter

Une immigration clandestine « mal maîtrisée », « le recul de la prégnance de la religion musulmane très tolérante pour adopter des comportements nouveaux sur fond d’alcoolisme, de drogue, chimique ou mangrove », ont « engendré de nouvelles formes de délinquance juvénile ».

Le contexte est détaillé : « Le tissu associatif très distendu, la déresponsabilisation de certains élus locaux, la perte d’influence des anciens, garants de l’autorité (cadis, fundis, bouenis), auprès des jeunes, fragilisent le climat social de ces quartiers qui sont désormais susceptibles d’être victimes d’une explosion de violence sans rapport avec l’objet initial du mécontentement », d’un côté, et de l’autre, l’arrivée du droit commun avec « un défaut ou une insuffisance d’explication par les responsables politiques aux administrés a donné place à l’interprétation de ce droit commun dans le mauvais sens et instauré la peur de certains parents d’agir vis-à-vis de leurs enfants dans le cadre des sanctions éducatives, d’où la naissance de la notion ‘d’enfant de juge’ et la non maîtrise de l’ordonnance de 1945 ».

Parmi les solutions : « Renforcer les effectifs de la Police Nationale et de la Gendarmerie et les doter de moyens adaptés, Créer une compagnie départementale d’intervention de 50 fonctionnaires (CDI) revendication qui émane des syndicat de police depuis 1996, Instaurer une vraie police de proximité, Mettre en place sur le terrain d’importants effectifs de policiers en tenue et en civil, en binômes Mzoungou-Maorais, classer le Département en zone de sécurité prioritaire. »

Poursuivre les parents

Un kwassa en provenance d'Anjouan sur une plage d'îlot Mtsamboro en mars 2015
Un kwassa en provenance d’Anjouan sur une plage d’îlot Mtsamboro en mars 2015

Et comme solutions que porte déjà la société mahoraise, « encourager le développement des ‘écoles coraniques’ et l’ École du civisme ‘à l’ancienne’ par les associations villageoises, reconnaître et/ou renforcer la fonction officielle des cadis en tant que conciliateurs de justice et de médiateurs (possible en s’alignant à article 1570 du code de procédure civile et décret n°2011648 du 13janvier 2011), les magistrats pouvant dès lors leur déléguer une mission de conciliateurs, privilégier la mise en place de l’école des parents en sensibilisant ces derniers face à leurs responsabilités, sur l’ordonnance de 1945 et sur le mineur et la loi. »

En plus des sanctions pénales sur les mineurs, « nul n’est responsable pénalement que de son propre fait », Chamassi propose de « poursuivre les parents civilement responsables des dommages causés par leurs enfants mineurs ‘habitant avec eux’ (Code Civil article 1384), que ces dommages soient ou non consécutif à une infraction pénale. » Des parents qui seraient tenus de verser les éventuels dommages et intérêts à la victime. Le centre éducatif fermé et les travaux d’intérêt général viennent clore ce chapitre des sanctions.

En matière de lutte contre l’immigration clandestine, de multiples propositions, dont la « mise en place d’une coopération technique avec les îles voisines en matière de justice, police, gendarmerie, douane, marine et pénitencier, le transfert d’une partie de la base navale de la marine nationale de Dzaoudzi à l’îlot Mtsamboro,

Tout cela doit passer par une « sensibilisation de la population mahoraise à la dénonciation des auteurs de violences ou toute forme de délinquance et au dépôt de plainte », « face à la délinquance que chacun peut constater, il nous faut un esprit d’entraide et de solidarité. Nous sommes tous responsables. »

A.P-L.
Lejournaldemayotte.com

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