Intitulé « Appel d’urgence au gouvernement », cosigné par le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani et le président de l’Association des Maires de Mayotte, Saïd Omar Oili, le « message d’alerte » est adressé au président Emmanuel Macron, qui doit « prendre les mesures appropriées pour rétablir la sécurité dans les écoles », et au premier ministre Edouard Philippe, afin « de déployer rapidement les moyens de police et de gendarmerie pour lutter durablement contre l’insécurité et les violences qui empoisonnent la vie quotidienne des habitants de Mayotte ».
Les élus, conseillers départementaux et maires ont salué la future expérimentation à Mayotte de la Police de Sécurité du Quotidien (PSQ), « en raison de trois enjeux, la pression migratoire, les tensions communautaires envers les étrangers, la forte croissance démographique incontrôlée ».
Parmi les mesures sécuritaires, et en lien avec la PSQ, ils invitent à l’envoi de 200 policiers et gendarmes dans l’île, à « mettre en place le ‘groupe de contact’ avec la population au niveau du commandement de la gendarmerie nationale, à créer une brigade de gendarmerie à Dembéni et un commissariat de police nationale (et non plus une gendarmerie), à Koungou, à créer une Compagnie départementale de Sécurisation et d’intervention, à assurer l’effectivité des sanction judiciaires, afin de mettre un terme au climat d’impunité qui incite à la récidive, à améliorer l’accompagnement des détenus par la Protection Judiciaire de la Jeunesse, à assimiler les auteurs de certaines infractions comme les coupeurs de route à celles d’actes de terrorisme, tels que définis par l’article 421-1 du code pénal »
Une base navale à l’îlot Mtsamboro
Pour désengorger les services publics, il est demandé de faire évoluer le statut du CHM vers une zone internationale, ce qui implique pour les nouveau-nés de prendre la nationalité de leurs parents, « d’étendre la circulaire Taubira de 2013 et permettre de répartir les mineurs non accompagnés sur tout le territoire national, de soutenir l’admission de Mayotte dans la Commission de l’océan Indien pour une meilleure coopération régionale ».
Plusieurs points sont consacrés à la prévention, notamment dans les communes en accroissant le nombre d’Agents de Surveillance de la voie publique ou de médiateurs communaux, ou en créant des clubs de prévention spécialisée, la remise en place du CLSPD, freiné par la fin des emplois aidés, ou le renforcement des dispositifs de soutien à la parentalité, comme l’école des parents.
Enfin, un chapitre concerne la lutte contre l’immigration clandestine. A ce propos, les élus rapportent que les manifestants ont « considéré comme une provocation le déploiement des forces de l’ordre » devant le Service des migrations et de l’intégration de la préfecture. Ils demandent le « transfert d’une partie de la base navale sur l’îlot Mtsamboro, point d’entrée des kwassas, la création d’un service de garde côtes sur tout le territoire, l’instruction de la première demande de titre de séjour aux consulat ou ambassade de France, respectivement à Anjouan et Moroni, l’autorisation de circuler sur tout le territoire national des porteurs d’un titre de séjour délivré à Mayotte.
Pour information, la préfecture annonce la fermeture du service des étrangers ces lundi 5 et mardi 6 mars.
Menace sur les élections
Parmi ces revendications, certaines sont anciennes, notamment sur les effectifs des forces de l’ordre ou sur la mise en place d’une réelle flotte, en état, de moyens nautiques de lutte contre l’immigration.
En attendant d’obtenir satisfaction, les maires et conseillers départementaux annoncent par voie de communiqué la fermeture des communes « pour une durée indéterminée à compter du lundi 5 mars 2018. Une permanence organisée en service minimum sera assurée dans les services de l’état civil (extrait de naissance, acte de décès, etc.) », la fermeture des bureaux des services départementaux « pour une durée indéterminée à compter du lundi 5 mars 2018. Un service minimum de la traversée entre Dzaoudzi et Mamoudzou sera assurée par les barges à raison d’une rotation toutes les heures », et qu’au regard « de la menace insécuritaire, les maires ne mettrons pas des agents à disposition lors des opérations de vote concernant les élections partielles des 18 et 25 mars 2018. »
« Ayant acté que la Préfecture n’est pas en mesure d’apporter des solutions à la crise, les élus de Mayotte demandent que le Président de la République vienne sur le terrain dans les plus brefs délais pour rencontrer la population, s’enquérir de la situation et y apporter les réponses concrètes et immédiates, à défaut, la venue du Premier ministre et du Ministre de l’intérieur sera salvatrice », concluent-ils leur communiqué.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com