Table de revendications: « Pour la première fois », des mesures pensées par et pour les Mahorais

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Les principaux leaders présentaient leur "Table de revendications"
Les principaux leaders présentaient leur « Table de revendications »

Les organisateurs de la mobilisation contre l’insécurité tentent depuis le début de tenir à distance les politiques, et jusqu’aux leaders syndicaux habituels qui n’étaient pas en première ligne pour exposer à la presse ce vendredi ce qu’ils appelle la « Table revendicative ». Il s’agit de 50 mesures pour Mayotte, « auxquelles seront jointes des annexes d’évaluations financières, nous nous sommes inspirés du document présenté en Guyane » précise Saïd Hachim, une des matières grises de rédaction du document.

Il est ambitieux dans sa présentation, dans ses demandes, et dans le suivi qu’il veut mettre en place : « Chaque mesure comporte des données officielles. Il n’est plus possible d’entendre un premier ministre expliquer qu’il découvre les chiffres de notre démographie. » Par exemple, l’introduction cite sur deux pages les données du service statistique du ministère de l’intérieur, Interstats.

Pour chaque mesure, le cadre législatif et règlementaire est étudié, « par exemple, les recours légaux contre l’occupation illégale », et une réponse est proposée.

Des mesures qui s’adresse en majorité à l’Etat, mais pas seulement, « certaines sont destinées aux collectivités, d’autres aux citoyens », explique Fatihou Ibrahim, autre leader de la mobilisation, qui va les détailler. Celles qui doivent faire l’objet d’une mise en place à court, moyen et long termes font l’objet d’une première partie, les « urgences » étant détaillées à la fin.

Sanctions pour les marchands de sommeil

Des mesures qui s'adressent à tous, revendique Fatihou Ibrahim
Des mesures qui s’adressent à tous, revendique Fatihou Ibrahim

Parmi celles-ci on retrouve les mesures sécuritaires, qui appellent à une communication « sincère » des données aux habitants, « l’application sans délai des sanctions à l’encontre des personnes qui hébergent des personnes en situation irrégulière », « des moyens coercitifs contre les marchands de sommeil », l’accompagnement financier des dispositifs villageois de lutte contre les actes de délinquance, la lutte contre l’habitat illégal, précaire et insalubre, « associer réellement les maires au processus de délivrance de titres de séjour » en le conditionnant notamment à « la résidence dans un logement salubre », la fin des titres de séjour limités au seul département de Mayotte, renforcer les effectifs des agents en charge de la sécurité publique, et faire jouer la solidarité nationale sur la prise en charge des mineurs isolés.

Quatre mesures concernent les transporteurs scolaires, dont un budget spécifique d’indemnisation pour cause de vandalisme, et six pour les établissements scolaires.

Parmi les plus spectaculaires, celle qui consiste à demander  dès ce 12 mars de rentrée scolaire la fin des écoles en rotation « c’est une mesure d’exception qui dure », ce qui signifie leur fermeture.

Le droit commun « en bonne intelligence »

Ils appellent aussi les maires à ne plus tolérer d’inscriptions « au-delà de la capacité normale d’accueil de l’établissement », l’Etat à disposer « en permanence au moins deux agents de force de l’ordre sur les 7 lycées polyvalents », à protéger par des barrières l’enceinte des établissements scolaires, et mettre en œuvre une « véritable répression aux agissements condamnables dans les établissements », dont des mesures disciplinaires ou pénales, et « qu’il soit exigé que les parents d’élèves soient obligés d’accompagner leurs enfants qui auraient été fauteurs de troubles ».

Quant aux mesures plus structurelles, l’objectif d’appliquer le droit commun à Mayotte « en bonne intelligence » et un plan Marshall d’investissement, le résument à peu prés.

Avec une contradiction, sur le transfert des compétences et des moyens du droit commun de l’Etat aux collectivités, alors qu’ils se plaignent de l’inactivité des élus. Dans beaucoup de domaines, le conseil départemental n’assure pas les missions qui lui sont pourtant dévolues.

Un chapitre est consacré à la Justice, moyens de fonctionnement ou de formation de jeunes locaux, un autre à l’Education, où il est reproché un « manque d’anticipation coupable de l’Etat sur l’évolution d’effectifs doublés en 10 ans », avec un manque criant d’infrastructures. Un rattrapage est donc urgent. Avec une volonté qualitative, dont l’enseignement de l’Histoire locale ou la demande bénéficier de la réorganisation nationale de l’islam, « avec un accompagnement de l’Etat, notamment pour contrer l’arrivée d’intégristes et diffuser notre islam tolérant. »

Les syndicats vont assurer le suivi

Djoumoi Djoumoy Bourahima, président de la CFE CGC, confirme le suivi par les syndicats
Djoumoi Djoumoy Bourahima, président de la CFE CGC, confirme le suivi par les syndicats

En matière de Santé, l’arrivée de la CMU et de l’Aide Médicale d’Etat est demandée, ainsi que celle « la fin de la gratuité des soins ». La révision à la hausse de l’offre de logements, du tracé des routes, de la longueur de la piste d’aéroport. Le port doit « retrouver ses lettres de noblesse, l’Etat doit sortir de son mutisme dans les conflits qui l’anime ».

Le code du travail doit entrer totalement dans le droit commun, « plus d’exception ! Les patrons sont d’accord s’ils sont accompagnés ».

Nous étions restés sur notre fin à l’issue du mouvement contre la vie chère de 2011 où des associations de consommateurs avaient été créées au sein des syndicats… sans lendemain. Said Achim l’assure, « les syndicats vont mutualiser les moyens financiers et économiques pour suivre l’avancée de ces mesures ». Les mystérieux « contributeurs extérieurs » à ce document dont ils veulent taire les noms vont certainement les y aider.

A travers cette reprise en main d’un document à peu prés structuré, « c’est la 7ème version, la 10ème sera le document final qui intègrera les propositions des autres acteurs », on sent que les membres du mouvement ne veulent plus se faire avoir par des mesures annoncées mais que partiellement appliquées, comme ce fut le cas du Plan sécurité. Un travail de suivi contraignant qui ne doit pas faire pschitt, pour ne pas décevoir et inciter à un retour dans la rue dans quelques années…

Une base qui doit servir de point de négociation avec le gouvernement indiquaient ce samedi les organisateurs de la mobilisation,

Ils se disent « ouverts à engager des discussions avec un représentant du gouvernement dûment mandaté à prendre des décisions, « cependant, pour le collectif et l’intersyndicale, il est hors de question d’ouvrir un quelconque débat sur l’avenir institutionnel de Mayotte. »

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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