Les leaders de la mobilisation contre l’insécurité ont peu ou pas dormi. Une nuit faite d’appels et d’échanges sur la teneur des négociations pour convaincre du bien fondé de la décision prise par les représentants de l’Intersyndicale et du Collectif des Citoyens de Mayotte : mettre l’Etat à l’épreuve pendant un mois sur la quinzaine de mesures actées, et remettre le couvert au besoin à cette échéance en cas d’absence de concrétisation.
La population est partagée, certains veulent suivre ce chemin d’une épée de Damoclès au dessus du gouvernement, et saluent de vraies mesures, d’autres, déplorent cette décision, « C’est plus la peine qu’ils se réunissent, ils sont plus crédibles. »
Le danger d’un accord basé « sur la confiance » tel que l’a voulu Annick Girardin, et non sur un écrit, est de replonger directement la population dans sa pire crainte, celle de se faire avoir, de se faire mener en bateau, qu’on lui promettre des actions qui ne sont pas tenues, que ce soient de la part de l’Etat ou de leurs élus. Même si les leaders de cette mobilisation apparaissent comme particulièrement vigilants, chats échaudés craignent l’eau froide. Et à Mayotte, on n’aime pas l’eau froide.
Rédaction d’un compte-rendu
Il faut donc en urgence que le gouvernement acte les points d’accord d’hier au soir. Un document a été rédigé ce matin nous apprend-on du côté de la Case Rocher, qui reprend les 14 ou 15 mesures sur laquelle la ministre a donné son accord hier. Celles qui portent sur la circulation des détenteurs de récépissés et de titres de séjour doivent faire l’objet d’un débat intra-gouvernemental sur leur légalité, nous rapportait le cabinet d’Annick Girardin.
Les leaders vont être contactés par la préfecture pour donner leur accord sur le compte rendu, et y apporter des précisions. Il pourra ensuite être présenté aux citoyens.
En attendant, ils se rendent à Tsingoni pour une rencontre à 11h30, « nous devons présenter ce qui s’est dit hier au soir aux autres organisateurs du mouvement qui n’étaient pas là hier », précisent-ils. Logique, mais ils ne sont pas partis voir la ministre de leur propre initiative, mais bien envoyés en délégation comme représentants des manifestants.
Décès d’un bébé
Des étapes à franchir pour eux comme autant de barrages pour les habitants qui sont toujours disposés sur le maigre réseau routier de Mayotte sur lequel on ne circule plus qu’à pied, et encore, quand les manifestants y consentent, ce qui n’est plus le cas partout ce matin. Le directeur du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) confirme les informations de nos confrères de Mayotte Hebdo : un bébé est décédé ce mardi soir en raison du ralentissement du barrage de Koungou que les services du SMUR, appelés avant eux, ont eu du mal à franchir, « ils n’ont pu que constater le décès ». Il s’agit d’un nourrisson prématuré, décédé de mort naturelle, complète le parquet.
Il y a 9 points majeurs de blocage, concentrés sur Tsararano, Bandrélé, Chirongui, Chiconi, Mirereni, Tsingoni, Longoni, Koungou et sur le rond-point du Four à Chaux.
Un sms de désapprobation circule en ce moment qui donne rendez-vous à tous les habitants de Mamoudzou à 16h ce mercredi après midi à la mairie de Mamoudzou « pour dénoncer l’insécurité incessante et le mépris des autorités envers les Mahorais. Mobilisons-nous et faisons bouger les choses », et le sms conclut de manière sarcastique, « restez chez vous et subissez ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com