Alors que la ministre évoquait jusqu’à présent les Assises des Outre-mer, c’est bien la Table de revendications des leaders de la mobilisation qui a servi de base de négociation. Ils en ont dégagé les mesures prioritaires.
Commencés à 16h45, les échanges entre les leaders de la mobilisation contre l’insécurité et la ministre des Outre-mer et ses conseillers ont duré jusqu’à 20h. Ce qui ne devait être qu’une transmission de courrier se sera transformée en discussions fermes, « avec une grande sincérité, et quelques énervements », rapporte Saïd Hachim, un des leaders.
Plusieurs propositions ont été faites à la ministre, issues du document concocté par les auteurs du mouvement. Parmi les mesures d’urgence, il y a la reconnaissance des associations de lutte contre l’immigration clandestine, « elle bénéficieront de financements nationaux », la sécurisation des abords des écoles et du parcours des élèves, le démantèlement des bandes, le recensement des quartiers illégaux et la création d’un observatoire dédié ».
Un mois de suspension de délivrance des titres de séjour
Toujours en matière de lutte contre l’immigration clandestine, ils ont obtenu la suspension de la délivrance des titres de séjour pendant un mois, « et que sur cette période il n’y ait que des renouvellements ». Ils ont demandé que les titulaires de récépissés et titres de séjour puissent circuler sur le territoire français, même demande pour les mineurs isolés qui devront pouvoir y être placés. Un point dont la ministre doit vérifier la légalité.
Les auteurs d’hébergements de complaisance ou de reconnaissance d’enfants de complaisance « devront être sanctionnés ».
En matière de mesures en mer, le patrouilleur Le Malin, ou son remplaçant, devra être affecté en permanence à l’île pour contrôler efficacement les frontières, et les radars devront être fonctionnels. « Nous avons réitéré notre demande de base avancée de la marine nationale à Mtsamboro, ainsi que la réparation des bateaux intercepteurs », indique Saïd Hachim.
Séjour d’un mois pour les 3 missionnaires
D’autres mesures concernent le long terme, et notamment la mission des trois sages : « Nous y sommes favorable s’ils restent pendant un mois à Mayotte et qu’une équipe projet soit financée pour suivre ça. Nous demandons aussi le renouvellement de l’administration de l’Etat en profondeur dans les services déconcentrés où existent des blocages ».
En matière d’investissement, les manifestants demandent un Plan de développement suivi par une loi Programme pour Mayotte. Le budget sera affecté aux travaux proposés par les trois missionnaires ».
Saïd Hachim tient à préciser l’unité qui a prévalu entre les élus lors de ces négociations.
A 22h30 nous apprenions la suspension de principe de la grève, « pendant un mois, le temps de voir l’application des mesures que la ministre a accepté, nous aurons le compte rendu signé demain ». Annick Girardin a en effet repris son Falcon dans la foulée. Des échanges fructueux pour l’entourage d’Annick Girardin : « La ministre a rouvert le dialogue avec les leaders et les élus, et obtenu une sortie de crise avec un accord de principe de levée des barrages, et la tenue de l’élection législative dont le premier tour se tient ce dimanche 18 mars ».
Les leaders vont se rendre place de la République ce mercredi matin, pour rapporter ces nouvelles mesures aux manifestants.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com