Deux nuits d’émeutes, c’est deux de trop pour les habitants.
Après toute une journée de blocage des accès à la mairie de Mamoudzou, une réunion a pu se tenir entre le maire, son cabinet, des fonctionnaires et les habitants.
Sidi Moukou, habitant de Passamainty et trésorier de l’association Adedupass était présent et a envoyé un SMS pour inviter au rassemblement. Il se dit « sidéré par les propos de la ministre qui dit qu’à Mayotte il n’y a pas d’ingénierie, je me suis dit, il faut réagir. Pourquoi se rassembler devant la mairie ? On veut que le maire prenne la mesure des choses, qu’il décrète un couvre-feu dès 19 heures et qu’il le fasse respecter. On veut qu’il nous montre l’arrêté sur les constructions clandestines et qu’il vérifie l’authenticité des documents déposés en mairie. On veut que le CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance) fonctionne correctement et qu’à chaque fois qu’il se passe quelque-chose, les jeunes soient convoqués. On veut surtout éviter de perdre le contrôle de la situation. Ces jeunes sont super bien organisés et peuvent mobiliser 300 personnes en 5 minutes. »
« Alors que la ministre faisait ses annonces Mtsapere etait en feu , accuse un de ces citoyens, s’adressant au maire Majani. On veut des mesures immédiates et concrètes sur la commune de Mamoudzou. Les terrains squattes on les connaît tous. On est au temps de l’acte. Plus de la parole. On était 25 adultes. On s est armés face a 25 jeunes car on ne s est pas sentis protégés . On va se mobiliser pour dénoncer et même attaquer s il le faut car la population est excédée. Mon père de 70 ans s est fait gazer, j’aurais tué n importe qui car j’étais en colère je ne peux pas accepter ça. On est en train de perdre notre humanité. Le point à Mtsapere qui s appelle le château est devenu une guérite pour les délinquants. Si d ici vendredi il n est pas démoli on va le démolir, la population agira avec ses moyens. Je parle avec mon coeur et ma fatigue car je n ai pas dormi depuis 72 heures. »
Alors qu’un habitant affirmait que seuls quatre policiers étaient présents, il a été rappelé que « l’ensemble des effectifs du commissariat a été mobilisé » pour cette nuit de violences. Deux équipages BAC, deux équipages GSP, deux équipages de police secours, le commissaire et deux officiers étaient mobilisés, rejoints par deux escadrons de gendarmerie mobile qui ont ensuite quadrillé le quartier. Beaucoup n’ont pas pu venir à cause des barrages. D’où ce plaidoyer d’un des participants à la réunion. « des policiers sont désespérés car ils veulent faire leur devoir et on ne les laisse pas franchir les barrages. Beaucoup de policiers habitent a Sada, dans le nord, dans le sud. Pour vous, pour vos enfants. Je vous demande que demain ces policiers vous les laissiez franchir les barrages sur présentation de leur carte de policier. » Une déclaration qui a fait l’unanimité puisqu’un tonnerre d’applaudissements a résonné pour saluer le travail des forces de l’ordre, notamment l’arrestation de six auteurs présumés de ces violences.
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