Lorsqu’un mouvement touche à sa fin, les éléments les plus radicaux ne veulent rien lâcher. Ce qui se vérifie sur le barrage de Longoni. Réunis depuis 9h ce matin, les leaders tentent de trouver un terrain d’entente après la publication d’un communiqué appelant à la levée des barrages, et alors que de multiples troncs de manguiers font obstacle à la délivrance des containers en souffrance au port.
Des discussions houleuses se faisaient entendre depuis le franchissement des premiers manguiers, après la vallée III en direction de Longoni. Et ce sont des cris qui ont accueilli notre arrivée, avec, au paroxysme de l’énervement, l’injure suprême à notre encontre de « journaliste de la préfecture ». Traduisant une psychose de détournement des photos, surtout que nous apprenions que, en effet ce matin, un tour d’images devait être fait par les services de l’Etat sur les barrages restants. Face à notre ferme refus d’effacer les photos, le ton est monté puis redescendu d’un bémol, quand les manifestants ont constaté que seuls les manguiers abattus nous avaient intéressé. Nous avons dû malgré tout quitter les lieux.
Une crise diplomatique qui s’installe
Un énervement qui tourne autour de la personnalité de certains jusqu’au-boutistes contrariés par la demande majoritaire du Collectif-Intersyndicale, de levée des barrages. Que n’arrange pas le contexte que nous avons rapporté ce matin : la durée de l’arrêt des reconduites à la frontière. Face au risque d’une éventuelle intervention de l’Etat pour dégager par la force les 4 derniers points de tension (Gwezi à Chronguiet Tsararano en plus de Longoni), un sms circule, que nous citons dans ses propos originaux : « Comme les Comores n’accepte pas les bateaux, il faut passer à la démolition des bangas immédiat. 2èment chaque village doit veiller à ce que ces jeunes et arrivée massive de clandestins (ça revient aux villageois de s’organiser en créant des associations pour…) ».
Ce qui n’était qu’une crise diplomatique quasiment saisonnière de la part de l’Union des Comores sur le refus d’accueillir les reconduites à la frontière, ne durant habituellement pas plus de 48h, s’installe depuis le 21 mars, et interroge sur la capacité de la France à se faire entendre sur la scène internationale. Plus exactement, cela montre que des enjeux géopolitiques ont pris el dessus de la politique nationale toujours engagée dans la zone, entre celle de l’autruche, et celle du chat ermite Raminagrobis de la fable de Lafontaine, qui finit par croquer l’un et l’autre des requérants…
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com