Intitulé « Peut-on échanger Mayotte contre des visas ? », un article du quotidien proche du gouvernement Al-Watwan.net revient sur la légitimité internationale qu’ont les Comores, notamment auprès des Nations Unies, de l’Union africaine, et « de l’Union européenne que la France tente d’utiliser contre les Comores », et s’étonne qu’avec ce poids, les gouvernements comoriens successifs n’arrivent pas « à constituer un lobbying international en faveur des Comores. » On y glisse quand même que les Comores dépendent économiquement de la France.
Face à la décision du ministre des Affaires étrangères comorien de bloquer les reconduites, un appel est lancé à l’union nationale pour plus de poids. Al-Watwan nous apprend que les partis de la majorité se sont alliés, alors que les déçus des Assises Comoriennes, le Collectif de la 3ème voie (C3V), a organisé une table ronde, pour aboutir « au respect de l’intégrité territoriale des Comores », réglant la question de Mayotte.
Les intervenants ont reproché aux responsables politiques comoriens de n’avoir “jamais été en mesure, depuis près de 43 ans d’indépendance, d’offrir de réelles perspectives à (leur) peuple, favorisant ainsi le repli sur soi des Mahorais et le mythe d’un eldorado mahorais pour les autres Comoriens”.
La « chasse aux ‘comoriens’ » dénoncée
Et face au « chantage aux visas » mené par la France, on appelle à davantage de fermeté du côté comorien, déclarant que ce sont des « considération secondaires face à l’existence même du pays. Que gagneront les Comores à céder à la pression d’en face et que perdront-ils à tenir leur position ? », interroge le média.
On sait que les reconduites à la frontière de ressortissants que les comoriens estiment chez eux à Mayotte, n’ont pas bonne presse à 70km de l’îlot Mtsamboro, mais cette fois, c’est le traitement infligé aux étrangers en situation irrégulière qui est pointé du doigt comme étant à l’origine de la crise diplomatique, par le journaliste Mohamed Chanfi : « Certes l’immigration sur l’île pose de sérieux problèmes à résoudre. Mais, la réaction des habitants cache mal l’idée qu’il ne s’agit pas d’une réaction à l’insécurité généralisée sur l’île mais à une chasse aux “Comoriens”. Car comment lutter contre des voleurs à l’arrachée et des coupeurs de routes en s’attaquant à des mères et enfants innocents ? Comment expliquer que des milices cagoulées pénètrent avec violence dans les maisons pour rafler des familles avec enfants et les livrer aux gendarmes ? »
L’avocat Saïd Larifou, du parti Ridja, évoque les « exactions » contre les Comoriens.
Le blocage de la délivrance des visas diplomatiques et de service par la France, fait réagir l’ancien ministre de l’Intérieur, rapporte le journal : « Est-ce là où nous en sommes entre les Comores et la France ? La suspension des visas, alors que pratiquement la moitié des Comoriens sont des franco-comoriens. C’est une honte ! Comment peut-on suspendre la délivrance des visas aux Comoriens parce qu’ils n’acceptent pas l’occupation illégale de Mayotte ? »
On savait que beaucoup de politiques avaient la double nationalité, mais que la moitié des comoriens se sentent une fibre française, au point d’en être des citoyens, voilà qui est réjouissant.
Et inquiétant à la fois sur la portée du « chantage » exercé par la France, car ces binationaux n’ont pas besoin de visas pour se déplacer…
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com