Treize nouveaux assistants de vie aux familles : un oasis d'espoir

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Chrystel de Bricourt et Mirhane Abdallah, un binôme qui fontionne
Chrystel de Bricourt et Mirhane Abdallah, un binôme qui fontionne

Les contrats de professionnalisation sont en vigueur depuis le 1er janvier 2018 à Mayotte. Fidèle à son habitude, l’entreprise spécialisées dans les services à la personne Dagoni-Services de Mirhane Abdallah auquel s’est associée Chrystel de Bricourt, a anticipé, « quand nous avons eu l’info, nous avons foncé »… On n’en attendait pas moins de lui. Ils ont ainsi proposé à 13 jeunes et moins jeunes mahorais de pouvoir accéder à une formation qualifiante. Issue d’un partenariat tripartite Pôle emploi, Opacalia, le financeur, et l’organisme de formation Somahazi, des mêmes Abdallah et de Briscourt, elle va déboucher au bout d’un an de travail en alternance, sur la naissance de 13 Assistants de Vie aux Familles.

Le contrat de professionnalisation entre dans le champ d’investigations de Somahazi : « Nous ne voulons pas être qu’un centre de formation, mais proposer un travail derrière », explique Chrystel de Bricourt. Avec ces 13 nouveaux venus, « ils seront en CDI au bout d’un an de formation », Dagoni-Services monte à 40 le nombre de ses salariés. Et cela ne fait que commencer.

Car si le conseil départemental est actuellement le donneur d’ordre, « nous fonctionnons grâce à l’Allocation personnalisée à l’Autonomie versée par le Département aux personnes âgées ou handicapées », souligne Mirhane Abdallah, le marché des privés n’a pas encore été exploité, « les personnes en recherche de femmes de ménages, ou d’aides pour leurs enfants ». Car elles peuvent ensuite déduire 50% de ces charges de leurs impôts depuis le 1er avril 2017.  Un potentiel d’expansion énorme.

Un diplôme exportable

Jacques Launay, Issa Abdou, Dominique Fossat et David Baes
Jacques Launay, Issa Abdou, Dominique Fossat et David Baes

Pour Issa Issa Abdou, 4ème vice-président chargé de l’Action sociale au Département, cette vision va dans le droit fil de ce que devait être l’action du Département, « recenser les métiers en tension. C’est d’ailleurs ce que nous faisons avec l’Institut régional du Travail social. L’assurance qu’une formation débouche sur un emploi, c’est la bonne martingale pour diminuer le taux de chômage ». Et, il n’a pas pu s’empêcher ce petit clin d’œil au duo Abdallah-de Briscourt, « c’est la preuve qu’un binôme peut fonctionner ! », déclenchant des rires qui ont porté jusqu’à son fief de Dembéni.

Parmi les institutionnels, plusieurs relevaient comme Dominique Fossat, sous-préfet à la Cohésion sociale, « un moment positif qui n’est pas fréquent par les temps qui courent », soulignant « un diplôme de service à la personne qui serait utile à Mayotte comme en métropole », ou comme Nadine Hafidou, Secrétaire de la CCI Mayotte et présidente de l’ACCIOM, « merci pour ce dynamisme qui change des actuelles réunions où nous cherchons des issues pour les entreprises ».

De cette première expérience, David Baes, directeur territorial de Pôle emploi voulait tirer des pistes d’amélioration de ses services, « notamment sur la gestion administrative des dossiers aux process par toujours adaptés. »

« Certains me demandent de rester »

Fatima a trouvé sa voie
Fatima a trouvé sa voie

Alors que Jacques Launay, Responsable du pôle Entreprise, Emploi, Economie à la Direction du Travail (Dieccte), y voit une « grande perspective d’ouverture d’emploi à la population mahoraise, pour absorber les prés de 10.000 naissances annuelles se retrouvant 17 ans après sur le marché de l’emploi ».

Dans la salle, les 10 filles et 3 garçons attendaient, tout de chasubles bleues vêtus, et stylos en main, de pouvoir signer leur contrat de professionnalisation.

Après une formation d’attachée commerciale et quelques petits boulots, Zainaba, a intégré cette formation, « pour communiquer avec les personnes dans le besoin ». Sa voisine Fatima semble avoir trouvé sa voie : « Après un Bac vente, j’étais vendeuse chez Caribou bébé. J’ai voulu intégrer cette formation parce que j’aime aider les personnes à se sentir bien, à être autonome. Surtout quand on voit les conditions de vie de certains… On prend un coup sur la tête ! D’ailleurs, certains me demandent de rester, ou de revenir vite. »

C’était une toute autre voie qu’avait choisie Ahmed Omar, 26 ans, avec son Bac pro menuiserie. Les ponceuses ne lui manquent pas trop ? « Pas du tout ! Je me suis rendu compte que j’ai toujours aimé m’occuper des personnes en difficulté. Ma grand-mère a la maladie d’Alzheimer, et je questionnais toujours les infirmiers ou les aides qui venaient à la maison, sur leur métier. Ça n’est pas toujours facile d’aider des personnes qui ne sont pas autonomes, mais plus on maîtrise les gestes, mieux on se sent. » Il va gagner 1.130 euros pendant son année de travail en alternance, le montant de la rémunération oscille entre 55 et 85% du SMIC, en fonction de l’âge et du diplôme.

Une belle tablée qui en laisse augurer d'autres
Une belle tablée qui en laisse augurer d’autres

Les deux associés de Dagoni-Services, qui est le seul organisme agréé SAAD (Service d’aides et d’Accompagnement à domicile) par le Département, ont déjà la tête ailleurs, « nous travaillons sur une alternative aux séjours prolongés à l’hôpital, avec une aide à la personne adaptée à la maison. »

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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