Madagascar : Une manifestation réprimée dans le sang, deux décès confirmés

Une manifestation de l'opposition a dégénéré samedi à Tana. Deux personnes sont mortes lors d'affrontements avec la police, selon un bilan révisé ce dimanche à la hausse.

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Deux morts et au moins 17 blessés. C’est le nouveau bilan de la manifestation de samedi à Tananarive. Un premier mort avait été annoncé le jour-même. L’autre est décédé dimanche matin à l’hôpital.
Les organisateurs de la manifestation font quant à eux état de quatre décès. France info dresse un bilan différent, évoquant « trois décès dont deux enfants ».
L’appel à manifester émanait des députés partisans de deux anciens présidents de la république : Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, respectivement à la tête de l’Etat de 2002 à 2009 puis de 2009 à 2014. Les députés à l’initiative du rassemblement protestaient contre l’adoption de lois électorales controversées, votées alors que la prochaine présidentielle approche à grands pas. Ils accusent ces réformes de favoriser le pouvoir en place au détriment de l’opposition.
L’une de ces lois prévoit l’inéligibilité pour toute personne déjà condamnée par le passé, ce qui est le cas de Marc Ravalomanana, ce qui exclurait de facto sa candidature.
En 2013, les deux anciens chefs d’Etat avaient déjà vu leur candidature interdite à la présidentielle de 2014, finalement emportée par Hery Rajaonarimampianina. Ce dernier n’a pas encore annoncé s’il se représenterait l’année prochaine.
Pour la manifestation de samedi, les députés supporters des deux anciens présidents affirmaient avoir obtenu l’autorisation de la municipalité de Tana. L’Etat a quant à lui interdit le rassemblement, rappelant l’absence d’autorisation préfectorale et menaçant de procéder à des interpellations s’il avait lieu.

Samedi toutefois, « des milliers » de manifestants selon l’AFP se sont retrouvés place du 13-Mai où ils ont fait face pendant trois heures aux forces de l’ordre qui se sont vite retrouvées débordées par la foule. Policiers et militaires ont fait usage de gaz lacrymogènes, auxquels des manifestants ont répondu par des jets de pierres, précise le Quotidien de la Réunion qui cite l’AFP.
Alors que l’opposition dénonçait suite au mouvement « quatre morts tués par balle », le premier ministre Olivier Mahafaly a fait état d’un décès, et promis l’ouverture d’une enquête.
Alors que les deux partis d’opposition TIM (pro-Ravalomanana) et Mapar (pro-Rajoelina) se sont rendus au chevet des blessés et auprès des familles de défunts, l’Union Européenne a appelé à la retenue et exprimé sa « compassion » envers les familles de victimes.
Suite à cette répression dans le sang, des députés d’opposition réclament le départ du président Rajaonarimampianina, actuellement en déplacement à l’étranger. D’autres appellent à la grève générale, estimant que le pouvoir « a du sang malgache sur les mains ».
 
Le premier ministre et le président du Sénat appellent quant à eux « au dialogue ».
Alors que les campagnes électorales avaient été marqué par de profondes crises politiques en 2002 et 2008, les événements ces derniers jours fait planer le spectre d’un regain de violences sur la Grande Île.