Les artistes locaux se plaignent souvent que le conseil départemental n’est pas force de proposition dans le domaine culturel. Récemment Saandati Moussa et Sarah Médard se plaignaient dans nos colonnes de ne plus avoir de scènes pour se produire, et quand c’était le cas, de n’avoir aucune certitude d’être rémunérées. Le président du conseil départemental ne leur promet pas la lune, même dans cette période de pré-ramadan !, mais annonce une réorganisation de la direction de la Culture.
Un Office départemental de la Culture vient d’être créé, « dans le cadre de la réorganisation des services du Département pour s’adapter aux nouvelles compétences régionales », expliquait-il au JDM. Trois directions avaient fusionné, celle des Langues régionales, celle de l’Ingénierie logistiques et évènementielle et celle des Affaires culturelles, pour n’en former qu’une, la direction du Patrimoine et de la Culture. L’évènementiel n’était pas une priorité pour sa directrice Hidaya Chakrina, « elle a en effet en charge la signature de conventions, comme avec l’association Shimé pour donner une base linguistique permettant d’étudier le shimaoré dans les écoles, ou avec la société archéologique de Mayotte, ou encore avec les Naturalistes de Mayotte. »
Cette direction va de nouveau être éclatée, pour donner naissance à l’Office Culturel Départemental, l’OCD, dont la direction sera attribuée à Mohamed El Kabir, permuté lors du remaniement de l’organigramme : « Il gèrera notamment la salle de cinéma que nous réhabilitons, la future salle polyvalente, sans doute du côté de Kahani, et surtout l’organisation d’évènementiels. » Il est très attendu. Un outil qui permettra au Conseil départemental de ne plus faire défaut sur ses engagements, assure-t-il, « comme la difficulté que nous avons eue à rémunérer les auteurs tanzaniens lors du Salon du Livre ».
L’esclavage un des témoins des arts traditionnels
Un agenda culturel* sur 3 ans vient d’être établi. Rien de révolutionnaire pour l’instant, pas de festival supplémentaire, mais le président annonce un renouvellement du matériel pour les scènes, « un investissement de 700.000 euros ».
Le Festival des Arts traditionnels de Mayotte, qui se tient ce week-end**, notamment en présence de Serge Romana, pt de la Fondation Esclavage et réconciliation, y figure en bonne place. Il laisse comme chaque année une grande place à la Commémoration de l’abolition de l’esclavage. Un mélange avec les arts sur lequel Soibahadine Ramadani était interpellé lors de la conférence de presse de ce mercredi au conseil départemental. Il replaçait cette volonté dans le cadre d’un héritage : « Au XVIème siècle, les navigateurs qui mouillaient à Mayotte pour se ravitailler, évoquaient les ‘champs de cases’, ces lieux où séjournaient des esclaves, qui se lançaient dans des danses nocturnes. Comme le chakacha que nous avons conservé, en héritage de l’époque esclavagiste. »
L’abolition de l’esclavage le 9 décembre
Pour figer une bonne fois pour toute l’Histoire de Mayotte et de sa région, et éviter ainsi des récupérations hasardeuses, lors de tels ou tels colloques, un ouvrage est en préparation. « En dehors des spécialistes, personne n’y comprend rien à la juste date de l’abolition de l’esclavage. Nous commençons d’ailleurs par demander sa modification par décret gouvernemental. Nous la fêtons le 27 avril, en écho à l’abolition décrétée à Mayotte ce jour de 1846 par le baron Mackau, alors qu’il faut revenir à la date du 9 décembre de la même année, lors de la promulgation de l’ordonnance royale d’abolition de l’esclavage à Mayotte et ses dépendances, Nosy Be et Sainte-Marie ».
Tout va se jouer dans le choix du comité scientifique chargé de l’élaboration de l’ouvrage sur l’abolition de l’esclavage, « qui va élargir son champ de compétences à l’Histoire générale de Mayotte des origines à nos jours. » Il sera diffusé sur le territoire et pourrait viser dans un deuxième temps un public scolaire, « notre intérêt c’est que nos enfants aient des repères sur notre propre Histoire. »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
*Le Festival de Mayotte (30 août eu 2 septembre 2018) – Le Festival de Musique urbaine (21 au 23 juin 2018) – Maore Jazz (27 sept au 1er octobre) – Conférence internationale en alternance avec le Salon du Livre (22 au 24 novembre)
** Du 27 au 29 avril Place de la République (voir Programme FATMA). Notamment en présence de Serge Romana, pt de la Fondation Esclavage et réconciliation